Depuis 3 jours je n'écoute que ça ! Première écoute : je me repasse le premier morceau "Chelsea bridge" 3 fois, et je finis par consentir à écouter le reste... Et depuis : monomanie... Mais j'ai quand même écouté les autres titres !
Je n'avais jamais écouté cet album qui regroupe deux des saxophonistes que j'affectionne le plus.
C'était lors d'un passage à la boutique Harmonia Mundi, pour achat de CD pour la bibliothèque. Ma collègue et moi avisâmes les vinyles, et hop direct, elle fait "HOOOO" car elle tombe sur un super canon Cannonball Adderley, et moi je tressaille en regardant le disque juste derrière, mon Gerry et mon Ben Webster...
Je lis au dos du disque une critique de "Downbeat" : "ce n'était pas le premier enregistrement d'une collaboration" entre ces deux là, mais "c'était clairement la meilleure".
Paresse... Puisque d'autres blogueurs ont déjà fait le boulot, je cite : dans le blog cotebloge.ca, tout est dit :
"1 géant du saxophone tenor + 1 géant du saxophone baryton = 2 bonnes raisons d’écouter cette belle rencontre immortalisée en 1959.
La rencontre de deux géants. D’un côté, le maître du saxophone baryton Gerry Mulligan et de l’autre, le maître de la ballade au saxophone; Ben Webster.
Ce beau moment fut enregistré en 1959 à Hollywood, Los Angeles par Norman Granz. L’étiquette de disque Poll winners se spécialise dans la réédition d’albums jazz qui sont considéré comme étant les albums les mieux cotés selon les critiques du magazine jazz Down Beat. Ben Webster était son idole. Gerry Mulligan était fier de finalement enregistrer une session avec un de ses héros de jeunesse!
« Chelsea bridge » est une superbe ballade langoureuse au saxophone dont l’improvisation de Mulligan dans le deuxième refrain sera considérée comme un des meilleurs dans l’histoire du jazz. « The Cat walk » est composé par Gerry et influencé de la période des années 30 qui donnera une belle ambiance swing.
Le magazine Down beat = Cinq étoiles
Le site internet de référence Allmusic = Cinq étoiles"
Alors c'est ça, depuis samedi, première écoute, je ré-ré-ré-écoute et ne cesse de me dire que "plus beau, c'est pas possible", et ma platine et son diamant en restituant tout ça semblent se régaler aussi !
Bon, je viens de remettre "Chelsea Bridge" pour finir ce billet... Première note, Ben Webster démarre, le souffle, comme il est amené en douceur, c'est tenu, c'est un voyage, c'est du baume chantant pour oreille addict au sublime... et les vagues que fait Gerry Mulligan... On dirait même pas un saxophone !!! Vite il nous le faut (BDF 29) il vous le faut. Attention, refrain du baryton Mulligan, V.E.L.O.U.R.S. !!! C'est reparti pour 33 tours minute plus plus plus...
Ce que l'on peut faire avec son souffle !!! Enjoy !
Ayant passé une bonne heure à écouter et regarder le contre-ténor Andreas Scholl sur youtube, je me suis régalée entre autres d'un extrait de concert diffusé par Arte.(récital Festival de Beaune 2011). C'est, je l'imagine, la fin du concert. Il propose ce "petit air" = "Man is for the woman made (and the woman made for man)", musique de scène composée par Henry Purcell pour la pièce "The mock marriage", de Thomas Scott.
Ce n'est évidemment la pièce la plus élaborée proposée lors du récital, mais voilà : il fait chanter le public (ce que j'aurais aimé en être !) et pour l'occasion il se fait baryton !!! Il qualifie ce titre de chanson à boire et l'on comprend bien vite qu'elle est faite pour être reprise en choeur. Je regrette juste que cela ne soit pas plus long.
EN VERSION ORIGINALE
Man man man is for the woman made And the woman for the man.
As the spur is to the jade, As the scabbard for the blade, As for digging is the spade, As for liquor is the can,
So man is for the woman made, And woman for the man.
As the widow, be she maid, As the wanton, be she staid, Be she well or ill arrayed, Queen, slut or harridan, So man . . .
As the sceptre to be sway'd, As for night's the serenade, As for pudding is the pan, As to cool us is the fan, So man . . .
EN VERSION FRANCAISE
L'homme est fait pour la femme Et la femme pour l'homme
Comme l'éperon est à la haridelle Comme le fourreau est à la lame Comme la bêche est faite pour piocher Comme le spiritueux est pour la cruche
L'homme est fait pour la femme Et la femme pour l'homme
Ainsi la veuve, fût-elle pucelle Ainsi la traînée, fût-elle distinguée Qu'elle soit bien ou mal vêtue Reine, catin ou mégère
L'homme est fait pour la femme Et la femme pour l'homme
Comme le sceptre est fait pour être levé Comme est la sérénade à la nuit Comme est la casserole au pudding Comme est fait l'éventail pour nous rafraîchir
L'homme est fait pour la femme Et la femme pour l'homme
Le même morceau, dans la jolie version chantée par Judith Nelson, Christopher Hogwood dirige...
Calquée sur ce schéma qu'il est très tentant de reproduire (comme le... pour..., etc), on trouve cet amusant morceau des Ames Brothers, titre identique mais paroles revisitées, et nettement plus bavard... Trentième au BILLBOARD 1954, apprend-t-on dans Youtube...
Man, man is for the woman made, And the woman is made for man. Man, man is for the woman made,
Ever since the world began. Man, man is for the woman made, I'll tell you truthfully, I'm the man, man who was made for you, And you're the woman who was made for me.
As the chimney is for the smoke. As the laughin' is for the joke. As the shelter is for the storm. As the fire is for the warm. As the fiddle is for the bow. As the tappin' is for the toe. As the bucket and the well, And the dinner and the bell. As the candle is for the glow.
As the donkey is for the ride. As the blushin' is for the bride. As the finger is for the ring. As the choir is for the sing. As the chicken is for the pot. As tomales are for the hot. As Jamaica and the rum, And the dancin' and the drum. As the pillow is for the cot.
EN V.F.
REFRAIN
Depuis que le monde est monde L'homme est fait pour la femme, Je vous le dis franchement, Je suis l'homme qui est fait pour vous, Et vous êtes la femme qui êtes faite pour moi.
COUPLETS
Comme la cheminée à la fumée Comme le rire à la plaisanterie Comme l'abri à la tempête Comme le feu à la chaleur. Comme le violon à l'archet Comme le pied pour tapoter Comme le seau pour le puits Comme le repas et la cloche Comme la chandelle pour la lueur
Comme l'âne pour la promenade Comme rougir va à la mariée Et le doigt pour l'anneau Et le choeur est pour le chant Et le poulet pour le pot Comme Tomales pour la chaleur Comme la Jamaïque pour le rhum Comme la danse et le tambour Comme l'oreiller pour le lit
Et puis cela me rappelle une chanson figurant sur un double 33t écouté dans les années 70, qui devait être intitulé "Les vedettes du cinéma chantent..." ou je ne sais plus quoi. "La femme est faite pour l'homme", par Arletty ! en voici une version, tronquée...
Quand au paradis Sous un pommier couvert de fruits Adam vit la femme, il fut bien surpris Il fit, stupéfait «Ce p'tit joujou, pourquoi qu'c'est fait ?» Et l'vilain serpent, mesdames Lui dit l'œil en flamme :
La femme est faite pour l'homme Comme le pommier pour la pomme Comme l'oiseau est fait pour le roseau Et le nid pour l'oiseau Oui, pour l'homme la femme est faite Comme l'eau pour la fleurette Comme la perdrix pour le petit perdreau Et la laine pour l'agneau
L'père Adam qui n'était pas en bois Comprit cette loi Car c'est vrai, c'qu'un jour au paradis Le serpent a dit La femme est faite pour l'homme Comme le pommier pour la pomme Comme le soleil est fait pour les beaux jours Et le cœur pour l'amour
Sans femme vraiment L'homm' s'ennuierait terriblement Pour lui quel martyr Quel affreux tourment Mais sans hommes aussi Avouez-le mesdames ici Vous n'auriez pas le sourire Car il faut bien le dire
La femme est faite pour l'homme Comme le pommier pour la pomme Comme le pépin est fait pour le raisin Et le gant pour la main Oui, pour l'homme la femme est faite Comme le rond pour la serviette Comme le disque est fait pour le phono Et le doigt pour l'anneau
Comme la cage est faite pour l'écureuil Le lorgnon pour l'œil Comme la mer est faite pour le bateau Le pneu pour l'auto La femme est faite pour l'homme Comme le pommier pour la pomme Comme la baguette est faite pour le tambour Et le cœur pour l'amour
Cette loi pourtant Les amants l'oublient par instant Certains se séparent En se disputant Mais après vraiment L'amour leur manque énormément D'eux bientôt l'ennui s'empare Car chose bizarre
La femme est faite pour l'homme Comme le pommier pour la pomme Le point pour l'i Le trou pour la souris Et la poule pour le riz Oui, pour l'homme la femme est faite Comme l'étui pour la lorgnette Comme la bouteille est faite pour le bouchon Et la cloche pour l'melon
Comme le cadre est fait pour la photo Le puits pour le seau Comme l'œuf est fait pour la mouillette L'chapeau pour la tête La femme est faite pour l'homme Comme le pommier pour la pomme Comme les fanfares sont faites pour les concours Et le cœur pour l'amour
La femme est faite pour l'homme Comme le pommier pour la pomme Cette vérité Tout l'monde l'a constatée Depuis l'antiquité La femme à l'homme s'accroche Tout comme l'huître à la roche Par conséquent Celle qui n'a pas d'amant Est comm' un' bouche sans dents
Comme en manquer serait un malheur Moi j'en ai plusieurs Je leur donne fidélité, amour Chacun à son tour La femme est faite pour l'homme Comme le pommier pour la pomme Comme le soleil est fait pour les beaux jours Et le cœur pour l'amour
Cette version remporte incontestablement la palme de la drôlerie, non ? Bon, probablement pas trop politiquement correct, mon affaire.. Alors pour compenser, invitons une femme qui n'a pas froid aux yeux, et qui met à mal les clichés énumérés dans les bluettes ci-dessus. Une de mes chansons préférées de Madame FRÉHEL : "La môme Catch Catch".
On a fait toute une affaire Des lutteurs, des catcheurs, des boxeurs, des tombeurs, Pour moi ça c'est de la petite bière Tous ces mecs à biceps ne m'ont jamais fait peur Leur soi-disant combat, c'est du chiqué Ils passent leurs temps à s'caresser Si y en a un dans la salle aujourd'hui Qu'il vienne ici, il s'ra servi !
C'est moi la môme catch-catch Voyez mes gros biscottos Costauds Avec ça j'ai l'air vache Et une paire de pectoraux Taureau !
J'ai une poigne de fer, Un coeur en acier, La gueule en or Et les deux pieds nickelés J'fais les pieds au mur, Le grand écart Et je crache à quinze pas Find more similar lyrics on http://mp3lyrics.com/KtguJe bois du gros qui tache C'est moi la môme catch-catch !
Un jour dans une bagarre Avec deux affranchis dans l'quartier de l'Arsenal J'ai cogné sans crier gare Le premier en est mort, l'autre est à l'hôpital Les flics sont arrivés, naturellement Bien après l'coup, c'est plus prudent, "Ton nom ?" me dit le commissaire au car J'lui dis "y a que toi pour pas le savoir"
J'ai une poigne de fer, Un coeur en acier, La gueule en or Et les deux pieds tatoués J'fais les pieds au mur, Le grand écart Et je crache à quinze pas Je bois du gros qui tache C'est moi la môme catch-catch !
Allez, on ne va pas se quitter comme ça. Ecoutez la, notre grande Fréhel, se réjouir du décès de son régulier !!! "Ohé les copains, v'nez vous rincer la gueule...". Et attention, ensuite... la version de la grande Régine Crespin, grande cantatrice à qui la goualante et la gouaillerie vont comme un gant !!!
Ohé ! Les copains ! Venez-vous rincer la gueule, Ce soir, je suis toute seule, Il est mort ce matin !
Ça fait rudement longtemps Qu’on était tous les deux, Moi, j’avais dix-huit ans Et lui dans les vingt-deux Il m’a tout fait quitter, Mon père et puis ma mère C’était pour me faire gouter A toutes les misères
Ohé ! Les copains ! Venez-vous rincer la gueule Ce soir je suis toute seule, Il est mort ce matin ! C’était un beau salaud Qu’en foutait pas une rame Pour un verre de Pernod Aurait vendu son âme Quand il était bien saoul Il tapait comme une brute Il connaissait de ces coups On aurait dit de la lutte
Ohé ! Les copains ! Venez-vous rincer la gueule Ce soir je suis toute seule, Il est mort ce matin !
Des fois il me trompait Ces choses là, ça m’écœure Et quand il revenait Il ronflait 24heures Pourtant y’avait des jours Ça c’était une merveille Il me parlait d’amour Quand je rapportais ma paye
Ohé ! Les copains ! Venez-vous rincer la gueule Ce soir je suis toute seule, Il est mort ce matin !
Mais je ne sais pas ce qu’il y’a C’est pourtant pas normal Rien que de parler de tout ça J’ai le cœur qui me fait mal Ça c’est vraiment marrant Y’a quelque chose qui cloche… C’est quand j’ai eu 20 ans Qu’il m’a donné cette broche.
Ohé ! Les copains ! Venez-vous rincer la gueule Ce soir je suis toute seule, Il est mort ce matin ! Allez les copains ! Ce soir je suis toute seule… Je reverrai plus sa gueule Il est mort ce matin !
Johannes Brahms : "Liebeslieder Walzer op. 52 & 65"
(Harmonia Mundi, 2007)
Interprètes : Marlis Petersen, soprano ; Stella Doufexis, alto ; Werner Güra, ténor ; Konrad Jarnot, baryton-basse ; Christoph Berner & Camillo RAdicke, piano
Ces "valses mélodies" de Brahms n'engendrent pas la mélancolie... en tout cas pas chez moi. CE SONT DES VALSES. Il n'y est pas question de douloureux voyage d'hiver ou du désespoir du pauvre meunier dédaigné par la belle meunière. Quelques textes évoquent bien l'amour comme "un sombre ravin (Ein dunkeler Schlacht ist Liebe)", "un puits aux mille dangers (ein gar zu gefährlicher Bronnen)", on y dit bien "Abandonne, ô mon coeur, tout espoir de salut (Verzicht, o Herz, auf Rettung)", le ton est pourtant enlevé, enthousiaste. S'ajoutent à ces valses chantées deux autres cycles de Lieder, parmi lesquels se glisse un hymne d'amour à... la patrie ("An die Heimat").
Comment dire, j'ai eu l'impression en réécoutant ce CD de me trouver en compagnie de randonneurs raffinés, lettrés et mélomanes, de bons compagnons qui dînant dans une "Berg Hütte" autrichienne, se prennent à chanter, aidés par quelques bocks bien mérités (situation quasi-vécue : au Tyrol, troupe de randonneurs autrichiens arrivant le soir à la "Hütte" en chantant, éclusant un nombre impressionnant de bocks lors du repas, derniers couchés, premiers levés, départ au petit matin en chantant !). Ces voix s'envolent et se tiennent bien ensemble comme les flammes d'une belle flambée ! Quel allant ! Il est plaisant d'entendre Werner Güra (photo à droite), ténor que j'admire comme une sorte de "SEHNSUCHT MENSCH" (comme une incarnation idéale du mélancolique, spleenétique, nostalgique... intraduisible !), mon champion actuel ès-Lied, s'adonner à ce répertoire très enjoué ! Comme ils semblent avoir plaisir à chanter tous ensemble !
Une autre version ultra recommandable avec Dietrich Fischer-Dieskau, Brigitte Fassbaender, et le grand Karl Engel au piano :
Et encore une autre version historique, avec la grande Kathleen Ferrier
Texte au dos du CD. Une appréciation à laquelle je souscris...
"Chansons damour, valses pour quatre voix et piano à quatre mains ; ces lieder colorés, inspirés de la tradition des campagnes viennoises, connurent bientôt dans les salons un succès digne de chansons populaires ! De la gaîté des amourettes au désespoir des coeurs blessés, il faut dire que leur sujet sy prêtait à merveille. Un grand classique de la littérature romantique servi par un quatuor vocal simplement idéal !"
Enterrées vivantes pendant un siècle, les voix lyriques du début du vingtième siècle nous sont révélées dans ce coffret aux 3 cd paru en 2009.
Voici un peu plus de deux ans que je projette de dire quelques mots au sujet de cette urne aux trésors. Passant dans les rayonnages de la bibliothèque, j'avise ce coffret et j'ai envie de le ré-écouter. Je vérifie le nombre de prêts : 0. Alors quelques mots pour en parler un peu...
Le 24 décembre 1907, dans les sous-sols du Palais Garnier, furent scellées plusieurs urnes contenant cylindres et disques, pour le compte de la Compagnie française du Gramophone. "Etrange cortège [qui] accompagnait, dans les sous-sols du Palais Garnier jusqu’à un caveau fermé par une porte en fer, deux urnes de métal qu’on avait au préalable hermétiquement scellées"...
Extrait de l'article de François Laurent dans Diapason n° 568 d'avril 2008 : "Le tout se feuillette comme un album de vieilles photographies, et invite à la (re)découverte des gloires lyriques d'antan dans leur diversité. Entendre les uns à la suite des autres, tous enregistrés à la même époque, permet de mieux saisir la singularité de chacun, du gazouillis musclé (Tetrazzini, Kurz) jusqu'à la mâle grandiloquence (Campagnola, Plançon). L'éditeur n'a pas ergoté sur la qualité de la notice, très documentée, signée Elisabeth Giuliani [Conservateur à la B.N.F.], et a "légendé" chaque plage en livrant pour chaque artiste des notes biographiques bienvenues. Le disque d'opéra a trouvé un musée idéal !"
Ecoutez avec le lecteur ci-dessous le discours prononcé à cette occasion par M. Alfred Clark, président de la C.M.G. "Avant de l'introduire pour cent ans au moins dans l'urne fatale qui sera fermée sous vos yeux..."
Au programme, beaucoup de compositeurs français fin XIXe-début XXe (Jules Massenet, Charles Gounod, César Franck, Camille Saint-Saëns, Georges Bizet, Edouard Lalo, Reynaldo Hahn, Emmanuel Chabrier), un peu de bel canto (Donizetti, Rossini, Verdi, Puccini).
On oublie bien vite les souffle et craquements, pour se concentrer sur la musicalité de ces pépites vocales et instrumentales ! 100 ans ? Ces chaudes et vivantes voix ne font vraiment pas leur âge. Délicatesse et la luminosité (!) de l'orchestre et des instruments, au service des voix. Délicatesse encore, et chaleur de ces voix distantes et proches ! La rareté de la musique enregistrée de cette époque rend l'écoute encore plus émouvante ! J'ai un petit faible pour les passages "verdiens", jamais rien entendu de pareil !!! Ils y vont à fond, c'est théâtral en diable !!!
Vous aussi, sautez le pas... Qu'est-ce que c'est, 100 ans ???
Ceci est une proposition de traduction du catalan d'un article paru dans le blog des bibliothècaires musicaux de la région de Barcelone en juillet 2011 :
La Bibliothèque Vapor Badia de Sabadell est la bibliothèque centrale d’un réseau municipal qui dessert une ville de 200.000 habitants, située dans l’aire d’influence de Barcelone.
Tout comme d'autres bibliothèques municipales centrales ou de district, elle possède un fonds musical de qualité, vaste, éclectique où figurent aussi des documents rares, originaux. Cependant, trois ans après l’inauguration (nov. 2002), ce fonds de musique demeurait peu signalisé, mal disposé, mal présenté …. et circulait de manière très inégale.
Le fonds le plus consulté et le plus prêté était le Pop-rock (CD 2), suivi par les B.O. de films (CD 520) et quelques sous-catégories des musiques du monde (CD 0), spécialement, la musique populaire catalane (CD 091) et le flamenco (CD 094). Le reste du fonds sortait peu, voire très peu, comme par exemple la musique classique (CD 3), les partitions et les DVD musicaux.
Pour le personnel de salle, trouver et ranger les documents n’était pas non plus chose facile.
Première phase : recherche de solutions
Nous avions peu de temps et peu de personnel pour mettre en marche de grands projets, et bien sûr, peu d'argent… Nous sommes tout de même parvenus à acheter deux bacs à CD supplémentaires et à obtenir un tout petit budget de papèterie.
Nous avons, donc, dans un premier temps, décidé de réordonner toute la section de musique avec l'objectif de rendre le fonds plus visible, de faire apparaître clairement sa classification et d’améliorer sa présentation, afin de faciliter autant la recherche de l’usager que le travail du personnel.
Deuxième phase : désherbage
Avec l'objectif d'offrir une collection de qualité et de récupérer de l'espace pour pouvoir réordonner et aérer le fonds, nous commençons par un bon désherbage. Nous retirons tout les CD en double, les CD promotionnels offerts par des publications diverses qui ne présentent pas un niveau suffisant de qualité, les CD en très mauvais état et les CD de basse qualité éditoriale ou musicale (ex : un concert classique interprété par une formation mineure, enregistré il y a de nombreuses années, ou encore des disques "type hypermarché", souvent issus de dons, au titre prometteur comme "Nuits de samba", "Vive l'amour", "Tout l’opéra dans un CD", etc). Dans le cas de la musique classique, nous faisons une révision systématique des collections anthologiques (ex : Encyclopédie Catalane) et nous éliminons de ces volumineuses collections tous les CD pour lesquels nous disposons d’une version meilleure, éditée par un label spécialisé.
Ce travail, qui nous oblige à manipuler la totalité du matériel, outre l'espace récupéré, nous permet de "photographier" notre fonds et d'identifier des manques et/ou des déséquilibres, et nous facilitera plus tard sa réorganisation.
Troisième phase : repositionnement
Nous changeons l’emplacement desbacsde CD, en faisant en sorte que l'organisation de l'espace et du mobilier soit cohérente et facilite une utilisation intuitive de la salle : nous essayons de constituer des « îlots » qui correspondent aux principales catégories musicales. Nous décidons de placer la musique classique dans un angle de la salle, à part, et de lui associer la musique contemporaine, ainsi que la zarzuela et les partitions. Nous demandons aussi à un menuisier qu’il nous rabaisse tous les tiroirs des bacs à CD d'environ 10 cm, de sorte qu'on puisse y ranger un DVD (c'est un travail facile et rapide, que n'importe quelle bricoleur peut réaliser). L'objectif est d'y installer les DVDM : à chaque catégorie musicale, son espace de DVDM.
Cas spécial des partitions musicales : convaincus que la musique imprimée ne doit pas être présentée verticalement en étagère comme les livres, puisque elle devient invisible, nous décidons de recycler une paire de bacs pour CD ou Bande Dessinée. Nous y plaçons les partitions comme si c’ étaient des albums, avec les couvertures disposées frontalement à l'utilisateur, et séparées par de grands intercalaires alphabétiques réalisés par nos soins avec du carton rigide, pour les maintenir à la verticale. Les partitions de compositeurs sont classées alphabétiquement, et les autres sont groupées suivant la même classification que les CD avec les séparateurs correspondants. Comme nombre d’entre elles contiennent plusieurs feuillets , nous achetons des protège-document transparents de format Folio (format supérieur à Din A4) et ouvertes sur deux côtés pour résoudre la diversité de formats. Ainsi ce petit fonds - presque toujours maltraité - devient plus maniable et surtout plus visible. Nous le situons à proximité de la zone CD 3.
Quatrième phase : classification et composition d'un texte
En suivant point par point la Classification d'enregistrements musicaux qu’utilise toute la profession, mais en l’abrégeant et en simplifiant sa terminologie pour l'usage non spécialisé d'une bibliothèque publique municipale chaque fois que c’est nécessaire, nous décidons d'étendre le nombre d'entrées utilisées dans la salle pour ordonner le fonds :
CD 0 : Pour les musiques ethniques et populaires, nous utilisons les entrées géographiques décimales : de 000 à 009, de 010 à 019, de 020 à 029, de 030 à 039.... jusqu'au 099. Ceci nous permet d'ordonner les CD de manière intelligible pour tous, par pays ou zones culturelles.
CD 1 : Pour les musiques de jazz et dérivées, nous utilisons la classification alphabétique mais nous y intercalons des séparateurs au nom des principaux artistes, imitant le modèle des grands magasins de disques. Nous indiquons aussi clairement les sous-catégories :
CD 110 : Blues, CD 115 : Gospel, CD 180 : Soul.
CD 2 : Pour le pop-rock qui est une catégorie fourre-tout très étendue, nous n'avons pas encore trouvé à ce jour la manière de diviser les différentes catégories sans entraver le travail quotidien. Nous conservons donc la simple classification alphabétique par la première lettre, conscients que nous devrons rapidement améliorer ce classement, mais sans savoir encore comment…
(A l’heure où nous traduisons cet article, nous savons qu’une bibliothèque de Barcelone spécialisée en musiques urbaines a pris l’initiative de séparer le CD2 en cinq sous catégories comme rock national, rock international, heavy, pop….etc. L’initiative nous semble excellente)
CD 5 : Pour les musiques fonctionnelles, nous introduisons un séparateur pour les catégories qui contiennent suffisamment de fonds (dans notre cas, par exemple : musiques de cirque, musiques de bal, bande-sons de cinéma, musiques de relaxation, etc).
CD 6 : Textes enregistrés. Nous n'avons pas encore assez de fonds pour justifier un classement par auteurs, mais nous introduirons des séparateurs au fur et à mesure que le fonds grandira.
CD 3 : Le fond de musique classique est important comparé à d’autres bibliothèques du réseau et rend nécessaire un classement efficace. Par ailleurs c’est la musique qui sort le moins, et donc, il faut rendre cette section avant tout visible. Nous décidons donc d'utiliser la partie supérieure des bacs pour le classement par compositeur et la partie inférieure (tiroirs) pour les subdivisions du 3 . Nous octroyons un tiroir entier à Bach et Mozart dans lequel nous maintenons un classement strict puisque les œuvres de ces deux musiciens sont considérables et occupent beaucoup de place.
Nous avons donc de cette manière les compositeurs rangés par ordre alphabétique et signalés par un séparateur indiquant leur nom (nous ne signalons que les plus connus mais cela nous ammène à signaliser individuellement 80% du fonds à peu près). En dessous, dans les tiroirs, nous aurons les subdivisions, chacune marquée avec une formulation simple, et détaillée quand c’est nécessaire :
CD 300 recueils thématiques,
CD 301 -309 : musique par époque,
CD 310-390 : musique par instruments (récitals)
CD 361 : musique pour violoncelle
Etc….
A proximité, nous plaçons le fonds de zarzuela et celui de musique contemporaine :
CD 512 : Zarzuela. Pour le moment le fonds est petit et sans subdivision interne, mais quand le fonds augmentera , nous y introduirons évidemment des séparateurs ordonnés alfabétiquement par nom de compositeur.
CD 4 : Le fonds de musique contemporaine n'est pas très étendu, mais croît régulièrement. Nous décidons d'utiliser le même ordre que pour le 3 puisque conceptuellement, le numéro 4 est la prolongation du numéro 3, mais contient les oeuvres composées après 1945. Nous aurons donc une première partie classée par compositeurs, ordonnés par ordre alphabétique, et une deuxième partie, située dans les tiroirs, classée par sous-catégories : ce sont principalement des musiques de fusion entre musique contemporaine, jazz, folk, électro, électro-accoustique, etc. Nous introduisons des séparateurs indiquant le type de fusion que représente chaque numéro.
Cinquième et dernière phase : confection de tous les séparateurs
Comme alternative aux pièces de méthacrylate, qui est le matériel – coûteux - utilisé actuellement par les bibliothèques de Catalogne, nous décidons d’utiliser des feuilles Din-A4 et Din-A3 de plastique semi-rigide, vendues dans les copisteries et les papèteries comme couvertures pour les photocopies reliées en spirale ou similaire. C'est un matériel très résistant, très maniable, et assez économique. Coupé avec un massicot, chaque feuille A4 donne quatre séparateurs d'une mesure idéale pour les CDS. Avec le format A3 on peut découper des séparateurs de mesures spéciales par exemples pour les partitions.
On colle l’étiquette, préparée par nos soins et harmonisée avec l’image de la bibliothèque, puis imprimée sur l’imprimante de la bibliothèque, sur le séparateur. Ensuite on recouvre le séparateur d’une feuille de plastique adhésif transparent….. Le séparateur est prêt à sortir en salle ! C’est un système tout simple, facile, économique et qui permet de multiples solutions.
Une bibliothèque de notre réseau a trouvé sa propre solution : au lieu de coller comme nous l’ étiquette sur un séparateur opaque puis de recouvrir le tout de plastique adhésif…elle a fait le contraire : elle a acheté les feuilles de plastiques pour séparateurs version transparente, elle a collé l’étiquette au dos du séparateur- l’étiquette se lit donc par transparence - et elle a appliqué la feuille de plastique adhésif sur l’arrière du séparateur : le résultat est un séparateur très bien fini, extrêmement résistant et qui n’a rien à envier à un séparateur acheté à un fournisseur spécialisé, mais …. pour un coût infime !
Conclusion et évaluation
Ce travail de réorganisation et de signalisation, parfaitement réalisable par une très petite équipe si on travaille numéro par numéro, et en mettant à profit les jours de plus faible affluence, nous a permis, pour un coût très réduit, d'apporter des améliorations notables :
Amélioration du taux de prêt des catégories qui ne sortaient pas beaucoup ou pas du tout, spécialement : la musique classique, la musique contemporaine, le jazz, les musiques populaires de zônes géographiques et/ou de cultures peu connues, ainsi que les DVDM, et les partitions.
Amélioration de l'image de la bibliothèque en général : meilleure signalisation, plus d'ordre, plus d'efficience.
Rangement du fond plus aisé, plus rapide. Recherche documentaire ou thématique facilitée.
Amélioration du service à l’usager : plus d’autonomie. Et par conséquent allègement des tâches du personnel de salle.
Contrôle visuel permanent sur l'équilibre et la répartition du fonds musical : en un coup d’œil on voit parfaitement les catégories sur ou sous représentées.
Encouragés par cette expérience positive, nous avons appliqué le même principe de signalisation mobile, détaillée et "artisanale", d’abord au fonds des guides de voyages, en mettant en évidence toutes les zones géographiques sur des séparateurs latéraux, puis au fonds de littérature, assez considérable, en détachant un grand nombre d’auteurs et pas seulement les classiques ou les plus célèbres : le roman, la poésie, la prose et le théâtre, avec le même système de séaparateurs latéraux.
À chaque fois, nous avons pu vérifier que ce parti-pris d’augmenter la signalisation des collections avec des séparateurs mobiles, non seulement optimise l'ordre et le classement, mais a également un effet dynamisant immédiat sur le volume de prêts : le fonds sort plus.
Un dernier point particulièrement encourageant : c’est que des documents qui ne sortaient jamais, sortent maintenant et certains avec fréquence.
Cet article est une (tentative de) traduction du catalan d'un billet publié le 29 juillet 2011 sur le blog AMPLI. Il s'agit du blog de nos collègues discothécaires de Barcelone, qui après 3 ans et demi d'existence fait référence parmi les blogs de recommandation musicale : une véritable encyclopédie vivante en devenir !!! L'auteur de cet article : Julian Figueres (aka Director Wilkins).
Il s’appelle Tim Minchin, il chante avec une voix puissante et il touche le piano avec une fluidité hallucinante. Ceci, en soi, ne le distingue pas d'autres musiciens. Si nous le recommandons -et ceci est un travail «discothéconomique» de premier ordre- c’est parce que :
1) Il n'est pas du tout connu (pour les "très connus" pas besoin de professionnels de l'information, n’est-ce-pas ?)
2) Son originalité, indiscutable (ajout de la traductrice), unique
3) Son discours, son ton, l'objet des textes semblent démentir l’idée classique que toutes les chansons sont des variations autour de 4 sujets universels (amour, manque d'affection, mort, etc.)
Le mieux, c’est qu'il vous explique, avant de chanter et de s'asseoir au piano, sa vision propre, comme ci-dessous en récitant le poème rythmé intitulé "Storm". Après avoir entendu sa confession sur des thèmes-clé de notre époque (et comme les gens préfèrent la nature aux artifices, c'est dans un style "propos de fin de repas"), nous nous sentons moins seuls. Vas-y, Tim :
Donc, permettons que ce soit lui qui se présente lui-même avec ses interprétations, où l'intelligence, l'humour et la musique se donnent la main, et on en a peu vu des comme ça, et depuis longtemps ! Ici, il réussit sa démostration à propos d'un questionnement primordial en art (pourquoi les gens attribuent-ils plus de profondeur à la tristesse que la joie ? Ne serait-ce pas plutôt le contraire ?) tout en offrant de la musique et en incitant à penser. Que demander de plus ? Ah, oui, l'insertion d'une mini-parodie sur Eddie Vedder. Dark Side !
Tim est né en 1975 en Angleterre. A 35 ans il a déjà enregistré six CD, trois DVD's et avec sa tournée actuelle il se produit dans le monde entier avec son orchestre. Un talent en éruption ! Poursuivons avec du visuel : c’est la meilleure des présentations. Sa sincérité est totale. Un optimiste rationnel à l’œuvre ! Ici il nous explique qu’il ne sera jamais une star du rock, comme il l’avait rêvé, mais un nerd, un « rock and roll nerd ».
Tim continue ce numéro où « Tim montre Tim à Tim », suivant la devise de Stendhal "Montrez ! ne déclarez pas!". Ainsi va-t-il, Tim, attaquant un de ses sujets préférés : l'irrationalité qui veut s'imposer à l'espace collectif, les croyances individuelles et leur faiblesse éthique, qui prétendent s'ériger en régulatrices de l'ordre commun. "The good book" !
Il continue son show, moitié acteur, moitié auteur-compositeur-interprète, y mêlant aussi le cabaret, tout en exploitant les possibilités que la communication avec le public peut entraîner. Tim essaye ici d'expliquer qu’il est un être humain, il se fait petit, de plus en plus petit jusqu'à arriver au niveau du cerveau :
Et maintenant le test : allumons la radio et prenons n'importe quelle station au hasard et écoutons ce que disent les nouvelles. Après, on se sert un gin tonic et retour à Tim Minchin. On peut assister à son show entier grâce à Internet. Nous en sortirons dans le même état que son public à la sortie du théâtre : allègres, meilleurs, remués. Nous avons besoin de plus de Tims Minchins. Non, non, tout n’est pas dit !Tout est inédit !
N.d.T. : je n'ai pas trouvé de vidéos sous-titrées en français...
Ca vous dirait de pleurer un peu, d'être chaviré par une pauvre créature éperdue d'amour ? Voici Lucia, folle effrontée qui, osant braver les prétentions de son frère à la marier à l'un de ses alliés, se voue corps et âme à la passion qu'elle éprouve pour le bel Edgardo, ennemi juré du clan Ashton.
Eh oui Mesdames et Messieurs, l'histoire se passe au XVIe siècle, dans un paysage, un château, une lande, de la brume, avec des spectres... ÉCOSSAIS ("all the scottish there is"...), romantique que ça n'en peut plus !!! C'est un opéra, du pur bel canto, et vraiment, cette musique est outrageusement efficace, c'est une arme puissante pour vous trouer le coeur, pour peu que vous vous y abandonniez totalement. Allez, jouez le jeu...
"Lucia de Lammermoor", est une adaptation d'un roman de Walter Scott, la musique est de Gaetano Donizetti, et le livret est l'un des plus subtils de l'opéra italien, oeuvre du napolitain Salvatore Cammarano, qui signa là le premier de sept livrets écrits pour Donizetti. Notons qu'il est entre autres l'auteur du livret du "Trouvère" de Verdi !
Voici ce qu'en dit Piotr Kaminski dans son "Guide de l'opéra" : "Son travail d'adaptation est remarquable : à partir d'une histoire riche en personnages et événements, il produisit un livret simple, logique, linéaire (...), dont l'élan dramatique empoigne ses émotions dès les premières scènes. (...) Avec un instinct très sûr, le librettiste offrit au compositeur "son" personnage idéal : une fleur somptueuse et fragile, fracassée par le destin et la méchanceté des hommes."
Toujours par P. Kaminiski, quelques mots de la musique : "'L'invention mélodique de Donizetti surpasse, dans "Lucia", tous ses efforts précédents ; visiblement inspiré par un scénario parfait, il affine à l'extrême son vocabulaire, en versant dans la bouche de ses personnages d'innombrables phrases d'une exquise séduction".
Samedi dernier, 19 mars, des salles de cinéma diffusaient, en direct du Metropolitan opera de New-York, l'ultime représentation d'une version sensationnelle de "Lucia", avec dans le rôle titre l'éblouissante Natalie Dessay.
Et pardonnez l'expression, je suis restée "scotchée" ! Quelle actrice, quelle chanteuse époustouflante, quelle mise en scène, quelle maestria !!! C'est ce qui m'a amenée à réécouter l'enregistrement (version française supervisée par le compositeur) de "Lucie de Lammermoor" paru en CD en 2002 (Orchestre et choeur de l'Opéra de Lyon, dirigé par Evelino Pido), avec la déjà extraordinaire Natalie Dessay, et Roberto Alagna dans le rôle d'Edgardo (disponible à la B.D.F.).
La fameuse "scène de la folie" est présente dans le DVD (lire la critique sur classiquenews.com) "'Natalie Dessay : la magie d'une voix" (je vous recommande également l'extrait d'"Orphée aux enfers" d'Offenbach, avec duo amoureux entre Natalie D. et Jupiter alias Laurent Naouri en mouche géante !!!). Egalement disponible en CD. Des extraits de "Lucia" dans "Airs d'opéras italiens" et "Mad scenes", toujours par Natalie Dessay.
Une autre version de référence: avec Maria Callas dans le rôle titre, enregistré à Kingsway Hall, Londres, du 16 au 21 mars 1959.
Enfin, pour finir, nouvelle citation de l'article de Piotr Kaminski, qui nous offre qui plus est une "caution" littéraire s'il en est : "Telle est la magie du bel canto à son stade suprême. Gustave Flaubert ne s'y est pas trompé, faisant de "Lucia" le ressort symbolique de la déchéance d'Emma Bovary, victime d'une fiction douce, exaltante, irrésistible".
Manifeste sur la place de la musique en bibliothèque (proposition de motion pour l’AG de l’ACIM le 28 mars 2011 à Auxerre)
La place de la musique en bibliothèque semble fragilisée. En effet la baisse des prêts et le développement d’une écoute en ligne ou du téléchargement poussent certaines élus et bibliothécaires à penser qu’on doit supprimer le support CD des médiathèques. Plusieurs nouvelles médiathèques ont ouvert récemment sans ce support mais d’autres continuent à l’inclure dans leur offre documentaire.
Il nous apparaît que ceci est une grave erreur non seulement la musique ne se résume pas à un support mais la musique est une pratique culturelle importante au même titre que la lecture ou le cinéma.
La baisse des prêts ne saurait tenir lieu de prétexte pour la suppression du CD et donc du support musical prépondérant en médiathèque. Selon la dernière enquête des pratiques culturelles, les CD représentaient encore 24% des prêts effectués en médiathèques alors que les offres de musique en ligne n’ont pas encore trouver leur public. Comme pour les maisons de disques qui ont connu un pic de vente, les bibliothèques ont connu des niveaux de prêt importants qui reviennent à un étiage normal mais loin d’être négligeable face à d’autres secteurs documentaires.
L’article 7 de la Charte des bibliothèques. : « Les collections des bibliothèques des collectivités publiques doivent être représentatives, chacune à son niveau ou dans sa spécialité, de l’ensemble des connaissances, des courants d’opinion et des productions éditoriales. » Feu le Conseil Supérieur des Bibliothèques insistait d’ailleurs dans différents rapports sur le fait que la place de la musique en bibliothèque n’était pas suffisante.
Les pratiques culturelles ne sont pas étanches. Renoncer à la musique en bibliothèque risquerait de remettre en cause pour un public omnivore l’intérêt pour la littérature et pour le cinéma présents dans nos structures. Les artistes et les usagers ne sont pas uniquement lecteur, amateur de musique ou de films mais tout cela s’interpénètre.
Renoncer à la musique en bibliothèque, revient à l’abandonner aux acteurs du secteur marchand qui n’ont pas le souci de la diversité et de la pérennité des oeuvres musicales. Si la place du support CD est amenée à se réduire à moyen terme, c’est pour l’instant la meilleure manière de matérialiser dans nos locaux une offre musicale qui doit s’enrichir par une offre dématérialisée. Tous les supports présents en médiathèque sont bouleversés par le numérique, que ce soit les ebooks pour le livres ou la vidéo à la demande (VOD) pour le cinéma. Tout n’est pas sur le net et tout n’est pas visible sur internet. Malgré son apparente abondance (plus de 7 à 8 millions de titre annoncés sur des plateformes de streaming), l’offre de musique en ligne reste lacunaire dès que l’on sort de la variété. Travaillons à construire une offre numérique (sur borne ou en ligne) large et pérenne quelque soit les contenus.
Il nous semble important que les médiathèques continuent de jouer un rôle prépondérant dans le développement de la culture musicale à l’aide de fonds de musique enregistrée (sur CD ou en ligne), de partitions, de films et de livres mais aussi de concerts ou d’ateliers de créations musicales assistées par ordinateur.
La musique est un langage universel propre à fédérer tous les usagers présents ou potentiels quelles que soient leur origine et leur catégorie socioprofessionnelle. Si l’écoute et la pratique musicale ne cessent de se développer dans notre société, en revanche la culture musicale est négligée à part dans quelques institutions et ne sera jamais la préoccupation des acteurs économiques ou des sites proposant de la musique sur internet. Les bibliothèques ou les médiathèques s’honoreraient à continuer d’œuvrer dans la défense et la promotion de tous les domaines de la culture.
L'Arpeggiata (Christina Pluhar) : "Via crucis : Les chants du Sud célèbrent les mystères de la Passion"
Christina Pluhar, (son sourire, son théorbe...) et son ensemble l'Arpeggiata continue sa savante et savoureuse exploration des répertoires méditerranéens (Renaissance, baroque), avec un intérêt toujours soutenu pour des formes "populaires". Elle revient avec cet album à sa chère Italie, avec une incursion corse, cette fois.
Ce programme nous fait découvrir des formes musicales accompagnant les "mystères" et notamment les "rappresentazione sacra" de la Passion pendant la Semaine Sainte. Etonnant comme cela sonne "ensoleillée", tout en évoquant le drame et la souffrance. Au fil des albums, on commence à goûter un style et un son propres à cette formation, même si Christina Pluhar diversifie son champ d'étude. La base de cette formation, instrumentale, y est pour beaucoup. C'est extrêmement vivant, proche, physique ! Et ils aiment le rythme !
Parmi les invités, des chanteurs, dont Philippe Jaroussky : toujours un enchantement... Extrait du DVD bonus.
Un DVD accompagne ce CD. S'y trouvent des extraits filmés des albums précédents et du présent. Regarder et écouter ce DVD apporte beaucoup, (même chose pour le DVD accompagnant "Los impossibles"), voir les musiciens et les chanteurs, les instruments sublimes, permet de ressentir mieux encore, apporte en sensibilité et en compréhension. Ne manquez pas la plage 8 du DVD "Via crucis" avec une chanson interprétée par les "King's singers" dans un langage pas évident à indentifier ("langue inventée qui tente d'imiter les esclaves noirs essayant de parler le portugais").
Si vous vous croyez allergique à l'art lyrique, ce disque pourrait vous convertir, puisqu'on vous dit que c'est de la vraie world musique !!!
Happée par la lecture de l'autobiographie de Keith Richards ! Je ne cesse de prendre des notes, les marges de ce bouquin sont très peuplées, sur mon exemplaire... Bon, parmi celles-ci : "Gram Parsons". J'ai pris le temps ce midi de rechercher quelques vidéos de Gram Parsons, artiste que j'aime beaucoup et qui est très présent dans certaines périodes de la vie du Keef (fin 60s début 70s). J'aime beaucoup cette vidéo où il chante et joue dans son groupe les Flying Burrito Brothers. Je suis d'accord avec l'auteur de ce commentaire : "That steel guitar is fuckin SICK!!!". Le Gram l'air tellement angélique, primesautier, et pourtant... Quel destin tragique au final !
Toujours avec les Flying Burritos. mmmhhh pas très sérieux, hmmm, mais j'adore.
Image de très mauvaise qualité mais peu importe. Voici un enregistement live de Gram Parsons avec sa fiancée, Emmylou Harris, dans "Big mouth blues"
Emouvant témoignage : tiré du film "Fallen angel", l'évocation de l'adoption du jeune Gram par les Byrds (à 3 min 4, le Keef en personne évoque le moment où il ouvrit la conscience politique de GP, qui était sur le point de partir avec les Byrds en Afrique du Sud, sans être conscient du régime de l'apartheid. Chris Hillman et KR ne semble pas être d'accord sur ce qui motiva GP de renoncer à ce voyage...)
Gram s'exprime : "Country, Rock, Gospel, Rhythm 'n Blues, what's the difference ?"
Document son uniquement, intéressant, enregistré live. Gram présente ses acolytes, applaudissements, grelots, yoohoos, Emmylou, et "Cry one more time", une composition (extra !!!) du G. Geils Band. Pas désagréable de mater toutes ces photos non plus (indeed...).
Ernest Bloch : "From Jewish life, cello works" (De la vie juive, oeuvres pour violoncelle)
Il convient tout d'abord de louer le label Praga Digitals pour la richesse de son catalogue et personnellement, je leur dois la découverte ces dernières années de nombreuses oeuvres de musique de chambre : Jindrich Feld, Alexander von Zemlinsky, Antonin Reicha, Erno Dohnanyi, Zoltan Kodaly, prodigieux compositeurs d'Europe de l'Est, tous inconnus de moi avant (quel privilège c'est, tout de même, que de travailler dans une médiathèque !). Il y aurait aussi beaucoup à dire des artistes et des ensembles qui enregistrent sous ce label : Quatuors Prazak, Zemlinsky, Kocian, Trios Guarnieri, Kinsky de Prague... A découvrir absolument, non pas d'urgence mais en prenant le temps surtout !
Venons en à l'élu du jour : "De la vie juive" et autres pièces pour violoncelle, d'Ernest Bloch. Ce disque fait partie de ceux que j'ai le plus écoutés parmi tous ceux parus en 2010. Bloch est un compositeur qui, depuis la première écoute d'une de ses oeuvres, me va "droit au coeur". Et ici, dans ce répertoire écrit pour le violoncelle, ce perforateur de corde sensible (j'exagère, mais...), quelle âme, quelle respiration ample, quel vertige, quelle élévation !!!
Les pièces retenues ici ont en commun d'être inspirées de thématiques propres au judaïsme : récits hassidiques (From jewish life, Nigun), incantations et prière musicales sur "Qohélèt" ou "L'Ecclésiaste" (Voix dans le désert). "Méditation hébraïque" est célèbre pour avoir été dédiée et souvent interprétée par le grand Pablo Casals. La "suite n° 3 pour violoncelle solo" fait partie d'un cycle de suite pour instrument seul qui furent inspirées à Bloch "sous l'influence de Yehudi Menuhin" et de quelques autres interprètes, "selon un modèle cher à Bach". Une apparente simplicité rend ces oeuvres, et tout particulièrement la suite placée en fin de CD, particulièrement abordables et fortement vectrices d'émotions... esthétique, mais pas seulement. Sûrement la teneur spirituelle dans l'acte de composition apporte-t-elle ce supplément d'âme, cette intensité...
Homme et artiste passionnant, Ernest Bloch, dont j'espère que l'édition phonographique continuera à proposer des enregistrements, s'est trouvé à la croisée de plusieurs mondes : de culture européenne puisque né en Suisse, nourri de spiritualité et de foi judaïques, enthousiaste de l'Amérique dès sa première installation à Cleveland en 1925, où il fut d'abord chef d'orchestre. Il fut également très perméable aux rencontres, collaborations, amitiés qu'il entretint avec d'importantes personnalités musicales du XXème siècle (Eugène Ysaÿe, George Enesco, Debussy), et qui influencèrent notoirement sa connaissance et son traitement de la matière instrumentale. Pour en savoir plus : espritsnomades.
Enfin présentation des admirables interprètes de cette musique d'inspirés. Au violoncelle : Michal Kanka, violoncelliste du fameux Quatuor Prazak. Au piano : Miguel Borges Coelho, maestoso !!!