Catalogue BDF

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mardi 22 mars 2011

Attentat lacrymo-lyrique

Ca vous dirait de pleurer un peu, d'être chaviré par une pauvre créature éperdue d'amour ? Voici Lucia, folle effrontée qui, osant braver les prétentions de son frère à la marier à l'un de ses alliés, se voue corps et âme à la passion qu'elle éprouve pour le bel Edgardo, ennemi juré du clan Ashton.

Gaetano Donizetti : Lucie de Lammermoor - Cliquer l'image pour vérifier la disponibilité à la BDF


Eh oui Mesdames et Messieurs, l'histoire se passe au XVIe siècle, dans un paysage, un château, une lande, de la brume, avec des spectres... ÉCOSSAIS ("all the scottish there is"...), romantique que ça n'en peut plus !!! C'est un opéra, du pur bel canto, et vraiment, cette musique est outrageusement efficace, c'est une arme puissante pour vous trouer le coeur, pour peu que vous vous y abandonniez totalement. Allez, jouez le jeu...

Maria Callas dans la scène de la folie, 2ème partie

"Lucia de Lammermoor", est une adaptation d'un roman de Walter Scott, la musique est de Gaetano Donizetti, et le livret est l'un des plus subtils de l'opéra italien, oeuvre du napolitain Salvatore Cammarano, qui signa là le premier de sept livrets écrits pour Donizetti. Notons qu'il est entre autres l'auteur du livret du "Trouvère" de Verdi !

Mille et un opérasVoici ce qu'en dit Piotr Kaminski dans son "Guide de l'opéra" : "Son travail d'adaptation est remarquable : à partir d'une histoire riche en personnages et événements, il produisit un livret simple, logique, linéaire (...), dont l'élan dramatique empoigne ses émotions dès les premières scènes. (...) Avec un instinct très sûr, le librettiste offrit au compositeur "son" personnage idéal : une fleur somptueuse et fragile, fracassée par le destin et la méchanceté des hommes."

Toujours par P. Kaminiski, quelques mots de la musique : "'L'invention mélodique de Donizetti surpasse, dans "Lucia", tous ses efforts précédents ; visiblement inspiré par un scénario parfait, il affine à l'extrême son vocabulaire, en versant dans la bouche de ses personnages d'innombrables phrases d'une exquise séduction".

Samedi dernier, 19 mars, des salles de cinéma diffusaient, en direct du Metropolitan opera de New-York, l'ultime représentation d'une version sensationnelle de "Lucia", avec dans le rôle titre l'éblouissante Natalie Dessay.


Et pardonnez l'expression, je suis restée "scotchée" ! Quelle actrice, quelle chanteuse époustouflante, quelle mise en scène, quelle maestria !!! C'est ce qui m'a amenée à réécouter l'enregistrement (version française supervisée par le compositeur) de "Lucie de Lammermoor" paru en CD en 2002 (Orchestre et choeur de l'Opéra de Lyon, dirigé par Evelino Pido), avec la déjà extraordinaire Natalie Dessay, et Roberto Alagna dans le rôle d'Edgardo (disponible à la B.D.F.).



Le miracle d'une voix, DVD - Cliquer l'image pour vérifier la disponibilité à la BDF
Le miracle d'une voix, DVD - Cliquer l'image pour vérifier la disponibilité à la BDF
La fameuse "scène de la folie" est présente dans le DVD (lire la critique sur classiquenews.com) "'Natalie Dessay : la magie d'une voix" (je vous recommande également l'extrait d'"Orphée aux enfers" d'Offenbach, avec duo amoureux entre Natalie D. et Jupiter alias Laurent Naouri en mouche géante !!!). Egalement disponible en CD. Des extraits de "Lucia" dans "Airs d'opéras italiens" et "Mad scenes", toujours par Natalie Dessay.

Une autre version de référence : avec Maria Callas dans le rôle titre, enregistré à Kingsway Hall, Londres, du 16 au 21 mars 1959.

Ce lien vous donne accès à une liste de titres de CD permettant de découvrir des extraits de l'oeuvre.

Enfin, pour finir, nouvelle citation de l'article de Piotr Kaminski, qui nous offre qui plus est une "caution" littéraire s'il en est : "Telle est la magie du bel canto à son stade suprême. Gustave Flaubert ne s'y est pas trompé, faisant de "Lucia" le ressort symbolique de la déchéance d'Emma Bovary, victime d'une fiction douce, exaltante, irrésistible".

lundi 14 mars 2011

La musique a toute sa place en bibliothèque

Manifeste de l'A.C.I.M., publié ce jour sur le blog ACIM 2011 :

La musique a toute sa place en bibliothèque.


Manifeste sur la place de la musique en bibliothèque (proposition de motion pour l’AG de l’ACIM le 28 mars 2011 à Auxerre)


La place de la musique en bibliothèque semble fragilisée. En effet la baisse des prêts et le développement d’une écoute en ligne ou du téléchargement poussent certaines élus et bibliothécaires à penser qu’on doit supprimer le support CD des médiathèques. Plusieurs nouvelles médiathèques ont ouvert récemment sans ce support mais d’autres continuent à l’inclure dans leur offre documentaire.

Il nous apparaît que ceci est une grave erreur non seulement la musique ne se résume pas à un support mais la musique est une pratique culturelle importante au même titre que la lecture ou le cinéma.


La baisse des prêts ne saurait tenir lieu de prétexte pour la suppression du CD et donc du support musical prépondérant en médiathèque. Selon la dernière enquête des pratiques culturelles, les CD représentaient encore 24% des prêts effectués en médiathèques alors que les offres de musique en ligne n’ont pas encore trouver leur public. Comme pour les maisons de disques qui ont connu un pic de vente, les bibliothèques ont connu des niveaux de prêt importants qui reviennent à un étiage normal mais loin d’être négligeable face à d’autres secteurs documentaires.


L’article 7 de la Charte des bibliothèques. : « Les collections des bibliothèques des collectivités publiques doivent être représentatives, chacune à son niveau ou dans sa spécialité, de l’ensemble des connaissances, des courants d’opinion et des productions éditoriales. » Feu le Conseil Supérieur des Bibliothèques insistait d’ailleurs dans différents rapports sur le fait que la place de la musique en bibliothèque n’était pas suffisante.


Les pratiques culturelles ne sont pas étanches. Renoncer à la musique en bibliothèque risquerait de remettre en cause pour un public omnivore l’intérêt pour la littérature et pour le cinéma présents dans nos structures. Les artistes et les usagers ne sont pas uniquement lecteur, amateur de musique ou de films mais tout cela s’interpénètre.


Renoncer à la musique en bibliothèque, revient à l’abandonner aux acteurs du secteur marchand qui n’ont pas le souci de la diversité et de la pérennité des oeuvres musicales. Si la place du support CD est amenée à se réduire à moyen terme, c’est pour l’instant la meilleure manière de matérialiser dans nos locaux une offre musicale qui doit s’enrichir par une offre dématérialisée. Tous les supports présents en médiathèque sont bouleversés par le numérique, que ce soit les ebooks pour le livres ou la vidéo à la demande (VOD) pour le cinéma. Tout n’est pas sur le net et tout n’est pas visible sur internet. Malgré son apparente abondance (plus de 7 à 8 millions de titre annoncés sur des plateformes de streaming), l’offre de musique en ligne reste lacunaire dès que l’on sort de la variété. Travaillons à construire une offre numérique (sur borne ou en ligne) large et pérenne quelque soit les contenus.

Il nous semble important que les médiathèques continuent de jouer un rôle prépondérant dans le développement de la culture musicale à l’aide de fonds de musique enregistrée (sur CD ou en ligne), de partitions, de films et de livres mais aussi de concerts ou d’ateliers de créations musicales assistées par ordinateur.

La musique est un langage universel propre à fédérer tous les usagers présents ou potentiels quelles que soient leur origine et leur catégorie socioprofessionnelle. Si l’écoute et la pratique musicale ne cessent de se développer dans notre société, en revanche la culture musicale est négligée à part dans quelques institutions et ne sera jamais la préoccupation des acteurs économiques ou des sites proposant de la musique sur internet. Les bibliothèques ou les médiathèques s’honoreraient à continuer d’œuvrer dans la défense et la promotion de tous les domaines de la culture.

mardi 8 mars 2011

Cross-over lyrico-mondio

L'Arpeggiata (Christina Pluhar) : "Via crucis : Les chants du Sud célèbrent les mystères de la Passion"

Christina Pluhar, (son sourire, son théorbe...) et son ensemble l'Arpeggiata continue sa savante et savoureuse exploration des répertoires méditerranéens (Renaissance, baroque), avec un intérêt toujours soutenu pour des formes "populaires". Elle revient avec cet album à sa chère Italie, avec une incursion corse, cette fois.

Ce programme nous fait découvrir des formes musicales accompagnant les "mystères" et notamment les "rappresentazione sacra" de la Passion pendant la Semaine Sainte. Etonnant comme cela sonne "ensoleillée", tout en évoquant le drame et la souffrance. Au fil des albums, on commence à goûter un style et un son propres à cette formation, même si Christina Pluhar diversifie son champ d'étude. La base de cette formation, instrumentale, y est pour beaucoup. C'est extrêmement vivant, proche, physique ! Et ils aiment le rythme !

Christina Pluhar et l'Arpeggiata : Via crucis



Parmi les invités, des chanteurs, dont Philippe Jaroussky : toujours un enchantement... Extrait du DVD bonus.



Les autres albums de L'Arpeggiata sont tous très intéressants, avec une préférence pour "La tarentella" (tarentelles...) et "Los impossibles" (musiques d'Amérique latine du XVIIème siècle, magnifique !!!).
Christina Pluhar et l'Arpeggiata : Los impossibles

Un DVD accompagne ce CD. S'y trouvent des extraits filmés des albums précédents et du présent. Regarder et écouter ce DVD apporte beaucoup, (même chose pour le DVD accompagnant "Los impossibles"), voir les musiciens et les chanteurs, les instruments sublimes, permet de ressentir mieux encore, apporte en sensibilité et en compréhension. Ne manquez pas la plage 8 du DVD "Via crucis" avec une chanson interprétée par les "King's singers" dans un langage pas évident à indentifier ("langue inventée qui tente d'imiter les esclaves noirs essayant de parler le portugais").

Si vous vous croyez allergique à l'art lyrique, ce disque pourrait vous convertir, puisqu'on vous dit que c'est de la vraie world musique !!!

Entretiens avec Christina Pluhar