Catalogue BDF

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mercredi 16 novembre 2011

Chantevalses de salon

Johannes Brahms : "Liebeslieder Walzer op. 52 & 65"
(Harmonia Mundi, 2007)


Interprètes : Marlis Petersen, soprano ; Stella Doufexis, alto ; Werner Güra, ténor ; Konrad Jarnot, baryton-basse ; Christoph Berner & Camillo RAdicke, piano


Ces "valses mélodies" de Brahms n'engendrent pas la mélancolie... en tout cas pas chez moi. CE SONT DES VALSES. Il n'y est pas question de douloureux voyage d'hiver ou du désespoir du pauvre meunier dédaigné par la belle meunière. Quelques textes évoquent bien l'amour comme "un sombre ravin (Ein dunkeler Schlacht ist Liebe)", "un puits aux mille dangers (ein gar zu gefährlicher Bronnen)", on y dit bien "Abandonne, ô mon coeur, tout espoir de salut (Verzicht, o Herz, auf Rettung)", le ton est pourtant enlevé, enthousiaste. S'ajoutent à ces valses chantées deux autres cycles de Lieder, parmi lesquels se glisse un hymne d'amour à... la patrie ("An die Heimat").

Comment dire, j'ai eu l'impression en réécoutant ce CD de me trouver en compagnie de randonneurs raffinés, lettrés et mélomanes, de bons compagnons qui dînant dans une "Berg Hütte" autrichienne, se prennent à chanter, aidés par quelques bocks bien mérités (situation quasi-vécue : au Tyrol, troupe de randonneurs autrichiens arrivant le soir à la "Hütte" en chantant, éclusant un nombre impressionnant de bocks lors du repas, derniers couchés, premiers levés, départ au petit matin en chantant !). Ces voix s'envolent et se tiennent bien ensemble comme les flammes d'une belle flambée ! Quel allant ! Il est plaisant d'entendre Werner Güra (photo à droite), ténor que j'admire comme une sorte de "SEHNSUCHT MENSCH" (comme une incarnation idéale du mélancolique, spleenétique, nostalgique... intraduisible !), mon champion actuel ès-Lied, s'adonner à ce répertoire très enjoué ! Comme ils semblent avoir plaisir à chanter tous ensemble !

Disponible à la Bibliothèque du Finistère.

Une autre version ultra recommandable avec Dietrich Fischer-Dieskau, Brigitte Fassbaender, et le grand Karl Engel au piano :

Neue Liebeslieder Waltzer, Op.65 - Verses from "Polydora", tramslated by G.F. Daumer - 3. "An jeder Hand die Finger" by Edith Mathis [Soprano] & Karl Engel [Piano] & Wolfgang Sawallisch [Piano] on Grooveshark

Et encore une autre version historique, avec la grande Kathleen Ferrier




Texte au dos du CD. Une appréciation à laquelle je souscris...

"Chansons damour, valses pour quatre voix et piano à quatre mains ; ces lieder colorés, inspirés de la tradition des campagnes viennoises, connurent bientôt dans les salons un succès digne de chansons populaires ! De la gaîté des amourettes au désespoir des coeurs blessés, il faut dire que leur sujet sy prêtait à merveille. Un grand classique de la littérature romantique servi par un quatuor vocal simplement idéal !"

lundi 14 novembre 2011

Fantômes lyriques et centenaires

"Les urnes de l'opéra" : 1907-1912

Enterrées vivantes pendant un siècle, les voix lyriques du début du vingtième siècle nous sont révélées dans ce coffret aux 3 cd paru en 2009.

Voici un peu plus de deux ans que je projette de dire quelques mots au sujet de cette urne aux trésors. Passant dans les rayonnages de la bibliothèque, j'avise ce coffret et j'ai envie de le ré-écouter. Je vérifie le nombre de prêts : 0. Alors quelques mots pour en parler un peu...

Le 24 décembre 1907, dans les sous-sols du Palais Garnier, furent scellées plusieurs urnes contenant cylindres et disques, pour le compte de la Compagnie française du Gramophone. "Etrange cortège [qui] accompagnait, dans les sous-sols du Palais Garnier jusqu’à un caveau fermé par une porte en fer, deux urnes de métal qu’on avait au préalable hermétiquement scellées"...

Extrait de l'article de François Laurent dans Diapason n° 568 d'avril 2008 : "Le tout se feuillette comme un album de vieilles photographies, et invite à la (re)découverte des gloires lyriques d'antan dans leur diversité. Entendre les uns à la suite des autres, tous enregistrés à la même époque, permet de mieux saisir la singularité de chacun, du gazouillis musclé (Tetrazzini, Kurz) jusqu'à la mâle grandiloquence (Campagnola, Plançon). L'éditeur n'a pas ergoté sur la qualité de la notice, très documentée, signée Elisabeth Giuliani [Conservateur à la B.N.F.], et a "légendé" chaque plage en livrant pour chaque artiste des notes biographiques bienvenues. Le disque d'opéra a trouvé un musée idéal !"


Ecoutez avec le lecteur ci-dessous le discours prononcé à cette occasion par M. Alfred Clark, président de la C.M.G. "Avant de l'introduire pour cent ans au moins dans l'urne fatale qui sera fermée sous vos yeux..."





Au programme, beaucoup de compositeurs français fin XIXe-début XXe (Jules Massenet, Charles Gounod, César Franck, Camille Saint-Saëns, Georges Bizet, Edouard Lalo, Reynaldo Hahn, Emmanuel Chabrier), un peu de bel canto (Donizetti, Rossini, Verdi, Puccini).

On oublie bien vite les souffle et craquements, pour se concentrer sur la musicalité de ces pépites vocales et instrumentales ! 100 ans ? Ces chaudes et vivantes voix ne font vraiment pas leur âge. Délicatesse et la luminosité (!) de l'orchestre et des instruments, au service des voix. Délicatesse encore, et chaleur de ces voix distantes et proches ! La rareté de la musique enregistrée de cette époque rend l'écoute encore plus émouvante ! J'ai un petit faible pour les passages "verdiens", jamais rien entendu de pareil !!! Ils y vont à fond, c'est théâtral en diable !!!

Vous aussi, sautez le pas... Qu'est-ce que c'est, 100 ans ???


Pour tout savoir sur ces voix ensevelies, consultez le blog de la BNF.


Exclusif : VIDEO... Assistez à l'ouverture des urnes !




Disponibilité à la Bibliothèque du Finistère

Berthe Auguez de Montalant ("Faust", Hector Berlioz)



Marie Galvany ("L'incantatrice", Luigi Arditi)



Paul Franz ("Lohengrin" en français !, Richard Wagner)



Maurice Renaud ("Hamlet", Ambroise Thomas)



Léon Beyle ("Si j'étais roi", Adolphe Adam)