Catalogue BDF

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mercredi 31 décembre 2008

CHEZ LES MEDIEVO-RENAISSANTS... 2009 DERNIERS CRIS


Missa sine nomine, Missa ad fugam, de Josquin des Prés (c1440-1521), par les Tallis Scholars

Ces deux oeuvres se situent aux deux extrémités de la carrière de Josquin, Missa ad fugam étant une oeuvre de jeunesse, Missa sine nomine l'une de ses dernières. La "simplicité" de la première permet d'autant plus d'apprécier la haute voltige d'architecture de la seconde, ainsi que la "Josquin des Prés's touch" qui s'en dégage. A côté de l'archictecture, on peut évoquer avec raison une "mathématique" de composition de ces deux oeuvres. Ces deux messes sont en effet les deux seules dans le répertoire josquinien à être fondées sur des canons. Explication trouvée dans la présentation de Peter Phillips : "le mot "canon" signifie qu'une mélodie est énoncée à différentes parties vocales, à différents moments, et quelle se chevauche donc elle même. L'élément mathématique intervient pour s'assurer qu'une partie donnée de la mélodie peut se combiner avec une autre partie, parfois à une hauteur de son ou à un tempo dissemblables, mais sans perdre son sens musical". Tout comme chez Bach, la haute science et la mathématique intrisèques au style de Josquin sont au service d'une haute inspiration, de l'élévation et du sentiment. Peter Phillips : "Il faudrait un petit livre pour rendre justice à pareille subtilité d'écriture maintenue durant toute une messe [...] Vous ne découvrirez sans doute jamais pourquoi une messe canonique vous fascine, mais il n'est pas nécessaire de tout analyser pour y prendre plaisir [...] La meilleure polyphonie n'a pas à être mathématiquement ingénieuse, mais quand elle l'est, cela amène un petit plus. J'aime énormément l'interprétation des Tallis Scholars, (dirigés par le sus-mentionné Peter Phillips), ces pionniers de la redécouverte de la musique sacrée de la Renaissance. Clarté, transparence, souplesse, ça m'aère les circonvolutions encéphalo-sentimentales ! Décidément fortiches, ces britanniques...

Polish passion songs, par le Bornus Consort

Cet album est le fruit de 15 années consacrées à l'étude sur le répertoire liturgique polonais des chants de la passion, avec ici des oeuvres allant du 10e au 16e siècle. Comme l'explique aussi le livret de présentation, cette étude préalable à l'enregistrement a permis à ses acteurs-chercheurs-interprètes de découvrir, avec ce répertoire polonais, au delà de traditions communes à la musique vocale sacrée européenne de différentes partires du Moyen-Age et de la Renaissance, des influences éloignées de confessions anciennes d'Asie Mineure, du Monde byzantin et arabique ainsi que de traditions folkloriques d'Europe Orientale. Le disque commence avec une oeuvre en latin (Répons pour le Vendredi Sain annoté au Xème siècle au monastère de Saint Gall) ne déconcerte pas l'auditeur familier des oeuvres vocales de cette période, en revanche, plusieurs éléments nouveaux pour mes oreilles sont à noter dans cette chronique. Tout d'abord, la langue polonaise, présente dans toutes les autres oeuvres de cet enregistrement, surprend et charme : rondeur, douceur, sonorités d'ailleurs, d'Orient. Et sur la forme, le très long cantique "Jezuz Chrystus Bog Czlowiek" (Jesus Christ, Dieu fait homme), mélopée à la mélodie répétitive, accompagné d'une "simple" et seule vielle. Cela me rappelle certains enregistrements profanes des répertoires occitan ou italien de la Renaissance. Très curieux, très prenant. L'ensemble de ce disque mérite vraiment une écoute attentive et une addiction n'est pas à exclure, je suis bien placée pour en parler !

Lamentatio Jeremiae prophetae, Lamentgations by Agricola, Morales, Arcadelt & Lassus, par Egidius Kwartet


Le "Livre des lamentations" du prophète Jérémie, utilisé au Moyen-Age à un seul moment de l'année, dans la liturgie dite "des Ténèbres" du jeudi, vendredi et samedi saints, a pourtant inspiré un grand nombre de compositeurs. Selon le texte du livret : "Le texte des lamentations est émotif, chargé d'un langage figuré dont le style est riche d'images et de tournures emphatiques. Celles-ci expriment profondément la tristesse, l'impuissance, l'amertume et les supplications du peuple de Jerusalem. C'est sans dute cette qualité, la combinaison entre éléments dramatiques et fragments méditatifs qui attira l'attention des compositeurs de la Renaissance. "Sans apprêt", tel est le credo de l'ensemble Egidius Kwartet : "caractérisées parle dépouillement et par conséquent le moindre détail ou le plus simple effet fera des miracles". Le choix proposé ici permet de découvrir de ce répertoire très "pointu" des styles très différents. Coup de coeur pour le "Taedet animam meam" de Christobal de Morales (1500?-1553), économie d'effet en effet, pour obtenir ici juste l'essentiel, une ferveur, une intensité prenantes, un souffle tout en retenue et pourtant une sensation de jaillissement imminent ! J'aurais apprécié un livret un peu plus détaillé. Les éléments proposés dans ces commentaires mettent en appétit, certes, mais donnent envie de plus !!!

Chansons de toiles (Belle Ysabiaux pucele bien aprise), par l'ensemble Ligeriana


"Chansons de toiles", extrait du livret : "les chansons de toile sont des oeuvres très développées. Elles mettent en scène un personnage féminin qui, au début de chaque oeuvre, est soit occupé à des travaux d'aiguilles, soit en train de lire [...] Chansons à histoire, comme on les appelle parfois, elles racontent les mésaventures amoureuses d'une jeune héroïne qui interprète une plainte lyrique. L'argument est centré autour de la "Bele" qui chante en monologue ou en dialogue avec les personnages qui y sont imbriqués." (Katia Caré, de l'ensemble Ligeriana). Pour faire patienter ceux qui voudront emprunter ce bel enregistrement, quelques mots :

"Bele Aiglentine en roial chamberine
Devant sa dame cousoit une chemise
Ainc n'en sot mot quant boneamor l'atise.
Or orrez ja
Comment la bele Aiglentine esploita"

Toujours dans un répertoire d'Oil, avec un peu de latin et de flamand : Poissance d'amours (mystiques, moines et ménestrels en Brabant au XIIIe siècle, Ensemble Graindelavoix)

Comme son titre l'indique, voici un échantillon réjouissant de réminiscences sonores de chansons médiévales du Brabant, au XIIIème siècle. Je dis bien réjouissant, tout particulièrement dans le répertoire "profane" où joie il y a, oui da, que ce soit en bon françois ou en flamand ! Et cette fois, bravo pour le livret, très soigné, très documenté, beaucoup d'histoire et d'histoires à lire ! Délectable !

3 commentaires:

mediamus a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
mediamus a dit…

A cor et à cri : bonne année 2009 ! Avec encore de nombreuses chroniques pour découvrir de nouvelles musiques, même anciennes. :-) Nicolas

Peraqamatox a dit…

Merci Nicolas,

Bonne année à toi aussi et à tous les musico-bloggers...

Catherine B