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lundi 19 mars 2012

La toune du jour : Lucio Dalla "4 marzo 1943"

Le 1er mars, à Montreux, disparaissait le formidable "cantautore" Lucio Dalla. En France surtout connu pour son morceau de bravoure de 1986 : "Caruso" (à mon avis, à écouter de préférence en version "live"). Ses obsèques ont eu lieu précisément le jour de son anniversaire, le 4 mars...

Lucio Dalla est né en 1943 à Bologne. C'est d'abord un solide musicien, multi-instrumentiste (claviers, clarinette, saxophone). Passionné de jazz, il s'y adonne dès l'adolescence et dès 1960, au Festival de jazz d'Antibes, il remporte avec l'ensemble Rheno Dixieland Band le premier prix dans la catégorie "jazz traditionnel".

Une des "marques de fabrique" jazz de son interprétation, qu'il gardera tout au long de sa carrière : son goût pour les improvisations sur le mode scat. Par ailleurs, il a bien étudié le style de chanteurs tels que James Brown : "utilisation de la voix délibérément discordante, et la tendance à ornementer les mélodies de changements inattendus, incongrus dans le style habituel de musiques populaires" (wikipédia).


Il forme le groupe "Gli Idoli" à partir de 1966, sort quelques singles, se produit sur scène puis, pour sa troisième participation au festival de Sanremo 1971, "4 marzo 1943", chanson qui fera l'objet principal de ce billet (*), lui vaut la troisième place. Première chanson de Dalla à être classée 1ère dans les "charts" italiens.


Lucio Dalla à Sanremo en 1971 : "4/3/1943"



La date donnée dans le titre de la chanson est bien la date de naissance de Lucio Dalla. Pour autant, il ne s'agit pas d'un texte autobiographique. Les paroles sont de Paola Pallotti, la musique de Lucio Dalla. Ci-après le texte et sa traduction en français.


TEXTE ORIGINAL



Dice che era un bell'uomo e veniva, veniva dal mare
parlava un'altra lingua, però sapeva amare
e quel giorno lui prese a mia madre, sopra un bel prato
l'ora più dolce, prima d'essere ammazzato.

Così lei restò sola nella stanza, la stanza sul porto
con l'unico vestito, ogni giorno più corto
e benchè non sapesse il nome e neppure il paese
mi aspettò come un dono d'amore, fino dal primo mese.

Compiva sedici anni, quel giorno la mia mamma
le strofe di taverna, le cantò a ninna nanna
e stringendomi al petto che sapeva, sapeva di mare
giocava a far la donna, col bambino da fasciare.

E forse fu per gioco, e forse per amore
che mi volle chiamare, come Nostro Signore
della sua breve vita il ricordo, il ricordo più grosso
è tutto in questo nome, che io mi porto addosso

e ancora adesso che gioco a carte e bevo vino
per la gente del porto mi chiamo, Gesù Bambino
e ancora adesso che gioco a carte e bevo vino
per la gente del porto mi chiamo, Gesù Bambino



EN FRANCAIS



On dit que c'était un bel homme beau et qu'il venait de la mer
Il parlait une autre langue, mais il savait aimer

Et ce jour-là il prit ma mère, sur une belle pelouse
A l'heure la plus douce, avant d'être tué.



Alors, elle est restée seule dans la chambre, la chambre sur le port
avec son unique vêtement, chaque jour un peu plus étriqué

Et bien qu'elle n'ait pas su son nom, ni d'où il venait
Elle m'attendit comme un cadeau de l'amour dès le premier mois

Le jour de ses seize ans, les chansons de taverne
Elle me les chanta comme berceuses
Et tout en me serrant sur sa poitrine qui sentait la mer
Elle s'amusait à faire la dame, avec son bébé à langer

Etait-ce par jeu ? Etait-ce par amour ?
Elle voulait me donner le prénom de Notre Seigneur
Tout le souvenir de sa vie brève, le souvenir le plus fort
Est dans ce prénom, je le porte ainsi en moi

Et encore aujourd'hui, en âge de jouer aux cartes et de boire du vin,
Pour les gens du port, je m'appelle "L'enfant Jésus"
Et encore aujourd'hui, en âge de jouer aux cartes et de boire du vin,
Pour les gens du port, je m'appelle "L'enfant Jésus" 


Avant l'enregistrement en studio, il y eut quelques remaniements, car le texte fut jugé irrévérencieux. Le titre d'abord. Dalla voulait intituler sa chanson "Gesubambino" (L'enfant Jésus), ce que la censure jugea irrespectueux, et il fut donc remplacé par la date de naissance de Lucio.

Deux phrases durent également être changées

- "mi riconobbe subito proprio l'ultimo mese" (Elle ne s'aperçut de mon existence que le dernier mois") devient "mi aspettò come un dono d'amore fino dal primo mese" ("Elle m'attendit comme un cadeau de l'amour, dès le premier mois")

- "e ancora adesso mentre bestemmio e bevo vino... per i ladri e le puttane sono Gesù Bambino" ("et aujourd'hui en âge de jurer et de boire du vin... pour les voleurs et les putains je suis L'Enfant Jésus") devient "e ancora adesso che gioco a carte e bevo vino... per la gente del porto mi chiamo Gesù Bambino" ("Et encore aujourd'hui, en âge de jouer aux cartes et de boire du vin... Pour les gens du port, je m'appelle L'enfant Jésus").


Une autre version "live", sur RAI Due, avec un autre chanteur : Francesco De Gregori. Intéressant mimétisme, (aspect physique, accessoires vestimentaires, voix), entre les deux. Le public semble apprécier !!! On constatera que Lucio ne se gêne pas pour donner la version originale non censurée de sa chanson.





Ici, lors d'un live 2005, dans une version très dépouillée, seul au piano... on entre dans la magie, no ??? Il nous donne des pistes, nous invite à bien écouter, fait quelques commentaires, nous parle des grandes chanteuses de fado qu'il compare à Janis Joplin (Argentina Santos, Amalia Rodriguez), se met à chanter 4/3/1943 comme elles



Une autre version italienne, par le groupe pop italien des 60-70's "Equipe 84"



Les covers. En français, "4/3/1943" devient "Jésus bambino", interprétée par Dalida, texte de Pierre Delanoë (assez proche de l'original).



"Il paraît que c’était un bel homme qui venait du large
Sachant comme personne parler d’amour aux femmes
Il offrit à Marie une bague de pacotille
Prit sa jeunesse et repartit sur les vagues

Sans comprendre elle resta dans la chambre d’avril à décembre
Avec sa robe courte de jour en jour plus courte
La fille ne savait pas grand-chose des gens et des usages
Elle n’avait connu qu’un homme, l’homme des lointains rivages

Elle n’avait que seize ans quand l’enfant vint au monde
De taverne en taverne elle chantait à la ronde
Des refrains de bastringues en croyant que c’était des berceuses
Elle jouait à la Madone, elle n’était pas malheureuse

Elle passait comme une ombre dans les faubourgs de Rome
Se prenant pour la Vierge, que le Ciel lui pardonne
De sa vie brève, il n’est rien resté que l’enfant de la chance
Et que ce nom qu’il porte comme une croix immense

Comme un fardeau aussi lourd que le monde posé sur son dos
Ce drôle de nom de baptême Jésus Bambino

Comme un fardeau aussi lourd que le monde posé sur son dos
Ce drôle de nom de baptême Jésus Bambino"

Ecoutons maintenant ce que devient ce matériau de choix, retraité par l'irrésistible Chico Buarque. Comme le son du premier clip est très mauvais, nous ajoutons une version studio, audible celle-là... Chico Buarque la reprit dès 1971. Elle devient "Minha historia" (Mon histoire), il l'aurait entendue chanter par Lucio Dalla, il l'a mémorisée, et voilà !






Ele vinha sem muita conversa
Sem muito explicar
Eu só sei que falava e cheirava
E gostava de mar

Sei que tinha tatuagem no braço
E dourado no dente
E minha mãe se entregou
A esse homem, perdidamente

Ele assim como veio partiu
não se sabe pra onde
E deixou minha mãe com o olhar
Cada dia mais longe

Esperando, parada, pregada
Na pedra do porto
O seu homem, com o velho vestido
Cada dia mais curto

Quando, enfim, eu nasci
Minha mãe embrulhou-me num manto
Meu vestiu como se eu fosse assim
uma espécie de santo

Mas por não se lembrar de acalantos
a pobre mulher
Me ninava cantando cantigas
de cabaré

Minha mãe não tardou a alertar
toda vizinhança
A mostrar que ali estava bem mais
que uma simples criança

E não sei bem se por ironia
ou se por amor
Resolveu meu chamar com o nome
de nosso senhor

Minha história, esse nome
Ainda hoje carrego comigo
Quando vou para um bar
Viro a mesa, berro, bebo, brigo

Os ladrões, as amantes
Meus colegas de copo e de cruz
Me conhecem só pelo meu nome
de Menino Jesus

Et mainenant une version en espagnol, chantée par un grand cantador uruguayen, Alfredo Zitarrosa (ah la la il y aurait beaucoup à dire sur celui-ci aussi !).




Él llegó sin hablar mucha cosa, no hablaba de más,
eso sí, le gustaba y olía y hablaba del mar,
un tatuaje azul en cada brazo y un oro en un diente,
fueron causa de que ella lo amara perdidamente.

Poco tiempo después él partió, nadie supo hacia dónde,
y en los ojos mi madre empezó a juntar mar y horizonte,
lo esperaba parada, clavada, en la piedra del puerto,
cruel olvido y el viejo vestido cada día más corto.

Cuando al fin yo nací, tiernamente me envolvió en un manto,
me vistió y me adornó cual si fuera una especie de santo.
Y por no conocer otra cosa, la pobre mujer,
me arrullaba cantando canciones de cabaret.

No tardó en difundir por el barrio que, en aquella cuna,
se dormía y crecía algo más que una simple criatura.
Nunca supe si por ironía o si por amor,
decidió que mi nombre sería el de Nuestro Señor.

Esta historia y mi nombre temido me están esperando,
cuando voy de tugurio en tugurio peleando y cantando,
todo el bajo, todos mis amigos de copa y de cruz
me conocen muy bien y me llaman el Niño Jesús.

Il semble bien qu'elles racontent toutes la même histoire ! Respect !

Avec ce petit bijou de 1971, nous n'avons que picoré une miette de l'oeuvre de Lucio Dalla, il y a encore énormément à découvrir, à dire, à voir, à écouter et à réécouter...

Bon, finissons avec un petit medley de 1980, qui en dit long sur ce que peut le Lucio D !!! Et où l'on constate que quelquefois l'image apporte beaucoup !!! Le premier morceau interprété par Lucio est justement 4/3/1943... à 1 min 22... mais regardez ce qui précède, par pitié !



OUUUUPPFFF !!! Celui-ci est drôlement bien aussi !!! (Medley 1978)



Bon, je ne ferai pas ça tous les jours... Enfin, il y encore de la matière, alors à bientôt !!!!

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