Ca vous dirait de pleurer un peu, d'être chaviré par une pauvre créature éperdue d'amour ? Voici Lucia, folle effrontée qui, osant braver les prétentions de son frère à la marier à l'un de ses alliés, se voue corps et âme à la passion qu'elle éprouve pour le bel Edgardo, ennemi juré du clan Ashton.
Eh oui Mesdames et Messieurs, l'histoire se passe au XVIe siècle, dans un paysage, un château, une lande, de la brume, avec des spectres... ÉCOSSAIS ("all the scottish there is"...), romantique que ça n'en peut plus !!! C'est un opéra, du pur bel canto, et vraiment, cette musique est outrageusement efficace, c'est une arme puissante pour vous trouer le coeur, pour peu que vous vous y abandonniez totalement. Allez, jouez le jeu...
Maria Callas dans la scène de la folie, 2ème partie
"Lucia de Lammermoor", est une adaptation d'un roman de Walter Scott, la musique est de Gaetano Donizetti, et le livret est l'un des plus subtils de l'opéra italien, oeuvre du napolitain Salvatore Cammarano, qui signa là le premier de sept livrets écrits pour Donizetti. Notons qu'il est entre autres l'auteur du livret du "Trouvère" de Verdi !
Voici ce qu'en dit Piotr Kaminski dans son "Guide de l'opéra" : "Son travail d'adaptation est remarquable : à partir d'une histoire riche en personnages et événements, il produisit un livret simple, logique, linéaire (...), dont l'élan dramatique empoigne ses émotions dès les premières scènes. (...) Avec un instinct très sûr, le librettiste offrit au compositeur "son" personnage idéal : une fleur somptueuse et fragile, fracassée par le destin et la méchanceté des hommes."
Toujours par P. Kaminiski, quelques mots de la musique : "'L'invention mélodique de Donizetti surpasse, dans "Lucia", tous ses efforts précédents ; visiblement inspiré par un scénario parfait, il affine à l'extrême son vocabulaire, en versant dans la bouche de ses personnages d'innombrables phrases d'une exquise séduction".
Samedi dernier, 19 mars, des salles de cinéma diffusaient, en direct du Metropolitan opera de New-York, l'ultime représentation d'une version sensationnelle de "Lucia", avec dans le rôle titre l'éblouissante Natalie Dessay.
Et pardonnez l'expression, je suis restée "scotchée" ! Quelle actrice, quelle chanteuse époustouflante, quelle mise en scène, quelle maestria !!! C'est ce qui m'a amenée à réécouter l'enregistrement (version française supervisée par le compositeur) de "Lucie de Lammermoor" paru en CD en 2002 (Orchestre et choeur de l'Opéra de Lyon, dirigé par Evelino Pido), avec la déjà extraordinaire Natalie Dessay, et Roberto Alagna dans le rôle d'Edgardo (disponible à la B.D.F.).
La fameuse "scène de la folie" est présente dans le DVD (lire la critique sur classiquenews.com) "'Natalie Dessay : la magie d'une voix" (je vous recommande également l'extrait d'"Orphée aux enfers" d'Offenbach, avec duo amoureux entre Natalie D. et Jupiter alias Laurent Naouri en mouche géante !!!). Egalement disponible en CD. Des extraits de "Lucia" dans "Airs d'opéras italiens" et "Mad scenes", toujours par Natalie Dessay.
Une autre version de référence : avec Maria Callas dans le rôle titre, enregistré à Kingsway Hall, Londres, du 16 au 21 mars 1959.
Ce lien vous donne accès à une liste de titres de CD permettant de découvrir des extraits de l'oeuvre.
Enfin, pour finir, nouvelle citation de l'article de Piotr Kaminski, qui nous offre qui plus est une "caution" littéraire s'il en est : "Telle est la magie du bel canto à son stade suprême. Gustave Flaubert ne s'y est pas trompé, faisant de "Lucia" le ressort symbolique de la déchéance d'Emma Bovary, victime d'une fiction douce, exaltante, irrésistible".
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