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mardi 20 mars 2012

La toune du jour : Lucio Dalla "La casa in riva del mare"

Toujours en 1971, année de parution de "4 marzo 1943" alias "Gesu Bambino" dont il fut question hier, paraît l'album "Storie di casa mia". Il contient déjà des titres de valeur dont "Il gigante e la bambina" ("Le géant et la petite fille"), chanson sur le thème de la pédophilie, et "Un uomo come me".

Il y a aussi "La casa in riva al mare" ("La maison au bord de la mer"), et voici, j'ai trouvé une vidéo où Lucio Dalla l'interprète avec un de mes héros, Toquinho, alors je ne résiste pas à l'envie de lui consacrer un petit post.

D'abord all by himself au piano avec accompagnement en 1978. C'est un extrait du medley déjà publié en toute fin de l'article d'hier...



Bon, là je me dis que déjà cette chanson avait un devenir brésilien, non ???

Là c'est en 1970, pour la TV, un playback en plein air et Lucio nous montre les lieux-même de l'action de la chanson... AVERTISSEMENT : ce clip se termine par un PAFF BUM qui contraste quelque peu... meno romantico, no ???



Et voici enfin le morceau de choix, un duo avec Toquinho en 1992. Le guitariste brésilien a interprété le titre dans son album "Viaggiatore del sogno" en duo avec son auteur, Dalla. Un coup d'oeil à la fiche wikipedia consacrée à Toquinho (Antonio Pecci Filho) m'apprend qu'il a des origines italiennes. E poi... ecco lo !!!




Dalla sua cella lui vedeva solo il mare
Ed una casa bianca in mezzo al blu
Una donna si affacciava Maria
E' il nome che le dava lui
Alla mattina lei apriva la finestra
E lui pensava quella e' casa mia
Tu sarai la mia compagna Maria
Una speranza e una follia

E sogno' la liberta'
E sogno' di andare via, via
E un anello vide gia'
Sulla mano di Maria

Lunghi i silenzi come sono lunghi gli anni
Parole dolci che s'immagino'uesta sera vengo fuori maria
Ti vengo a fare compagnia
E gli anni stan passando tutti gli anni insieme
Ha gia' i capelli bianchi e non lo sa
Questa sera vengo fuori maria
Vedrai che bella la citta'

E sogno' la liberta'

E gli anni son passati tutti gli anni insieme
Ed i suoi occhi ormai non vedon piu'
Disse ancora la mia donna sei tu
E poi fu solo in mezo al blu'




De sa chambre il ne voyait que la mer
et une maison blanche au milieu de tout ce bleu
une femme apparut. "Marie"
C'est le nom qu'il lui donna
Le matin elle ouvrait sa fenêtre
Et il pensait "C'est ma maison.
Tu seras ma compagne, Marie"
Une espérance, et une folie

Et je rêve "Liberté"
Et je rêve de partir partir partir
Et un anneau il rêvait de voir
Au doigt de Marie

Longs les silences, longues les années
Douces paroles qu'il imaginait
"Ce soir je sors, Marie,
Je viens te tenir compagnie"
Et les années ont passé, toutes ces années ensemble
déjà ses cheveux sont blancs et il ne le sait pas
Ce soir Je sors. Marie,
tu verras comme la ville est belle

Et les années ont passé, toutes ces années ensemble
et maintenant ses yeux ne voient plus
Il dit encore "ma dame, c'est toi"
Et il fut seul au milieu de tout ce bleu

lundi 19 mars 2012

La toune du jour : Lucio Dalla "4 marzo 1943"

Le 1er mars, à Montreux, disparaissait le formidable "cantautore" Lucio Dalla. En France surtout connu pour son morceau de bravoure de 1986 : "Caruso" (à mon avis, à écouter de préférence en version "live"). Ses obsèques ont eu lieu précisément le jour de son anniversaire, le 4 mars...

Lucio Dalla est né en 1943 à Bologne. C'est d'abord un solide musicien, multi-instrumentiste (claviers, clarinette, saxophone). Passionné de jazz, il s'y adonne dès l'adolescence et dès 1960, au Festival de jazz d'Antibes, il remporte avec l'ensemble Rheno Dixieland Band le premier prix dans la catégorie "jazz traditionnel".

Une des "marques de fabrique" jazz de son interprétation, qu'il gardera tout au long de sa carrière : son goût pour les improvisations sur le mode scat. Par ailleurs, il a bien étudié le style de chanteurs tels que James Brown : "utilisation de la voix délibérément discordante, et la tendance à ornementer les mélodies de changements inattendus, incongrus dans le style habituel de musiques populaires" (wikipédia).


Il forme le groupe "Gli Idoli" à partir de 1966, sort quelques singles, se produit sur scène puis, pour sa troisième participation au festival de Sanremo 1971, "4 marzo 1943", chanson qui fera l'objet principal de ce billet (*), lui vaut la troisième place. Première chanson de Dalla à être classée 1ère dans les "charts" italiens.


Lucio Dalla à Sanremo en 1971 : "4/3/1943"



La date donnée dans le titre de la chanson est bien la date de naissance de Lucio Dalla. Pour autant, il ne s'agit pas d'un texte autobiographique. Les paroles sont de Paola Pallotti, la musique de Lucio Dalla. Ci-après le texte et sa traduction en français.


TEXTE ORIGINAL



Dice che era un bell'uomo e veniva, veniva dal mare
parlava un'altra lingua, però sapeva amare
e quel giorno lui prese a mia madre, sopra un bel prato
l'ora più dolce, prima d'essere ammazzato.

Così lei restò sola nella stanza, la stanza sul porto
con l'unico vestito, ogni giorno più corto
e benchè non sapesse il nome e neppure il paese
mi aspettò come un dono d'amore, fino dal primo mese.

Compiva sedici anni, quel giorno la mia mamma
le strofe di taverna, le cantò a ninna nanna
e stringendomi al petto che sapeva, sapeva di mare
giocava a far la donna, col bambino da fasciare.

E forse fu per gioco, e forse per amore
che mi volle chiamare, come Nostro Signore
della sua breve vita il ricordo, il ricordo più grosso
è tutto in questo nome, che io mi porto addosso

e ancora adesso che gioco a carte e bevo vino
per la gente del porto mi chiamo, Gesù Bambino
e ancora adesso che gioco a carte e bevo vino
per la gente del porto mi chiamo, Gesù Bambino



EN FRANCAIS



On dit que c'était un bel homme beau et qu'il venait de la mer
Il parlait une autre langue, mais il savait aimer

Et ce jour-là il prit ma mère, sur une belle pelouse
A l'heure la plus douce, avant d'être tué.



Alors, elle est restée seule dans la chambre, la chambre sur le port
avec son unique vêtement, chaque jour un peu plus étriqué

Et bien qu'elle n'ait pas su son nom, ni d'où il venait
Elle m'attendit comme un cadeau de l'amour dès le premier mois

Le jour de ses seize ans, les chansons de taverne
Elle me les chanta comme berceuses
Et tout en me serrant sur sa poitrine qui sentait la mer
Elle s'amusait à faire la dame, avec son bébé à langer

Etait-ce par jeu ? Etait-ce par amour ?
Elle voulait me donner le prénom de Notre Seigneur
Tout le souvenir de sa vie brève, le souvenir le plus fort
Est dans ce prénom, je le porte ainsi en moi

Et encore aujourd'hui, en âge de jouer aux cartes et de boire du vin,
Pour les gens du port, je m'appelle "L'enfant Jésus"
Et encore aujourd'hui, en âge de jouer aux cartes et de boire du vin,
Pour les gens du port, je m'appelle "L'enfant Jésus" 


Avant l'enregistrement en studio, il y eut quelques remaniements, car le texte fut jugé irrévérencieux. Le titre d'abord. Dalla voulait intituler sa chanson "Gesubambino" (L'enfant Jésus), ce que la censure jugea irrespectueux, et il fut donc remplacé par la date de naissance de Lucio.

Deux phrases durent également être changées

- "mi riconobbe subito proprio l'ultimo mese" (Elle ne s'aperçut de mon existence que le dernier mois") devient "mi aspettò come un dono d'amore fino dal primo mese" ("Elle m'attendit comme un cadeau de l'amour, dès le premier mois")

- "e ancora adesso mentre bestemmio e bevo vino... per i ladri e le puttane sono Gesù Bambino" ("et aujourd'hui en âge de jurer et de boire du vin... pour les voleurs et les putains je suis L'Enfant Jésus") devient "e ancora adesso che gioco a carte e bevo vino... per la gente del porto mi chiamo Gesù Bambino" ("Et encore aujourd'hui, en âge de jouer aux cartes et de boire du vin... Pour les gens du port, je m'appelle L'enfant Jésus").


Une autre version "live", sur RAI Due, avec un autre chanteur : Francesco De Gregori. Intéressant mimétisme, (aspect physique, accessoires vestimentaires, voix), entre les deux. Le public semble apprécier !!! On constatera que Lucio ne se gêne pas pour donner la version originale non censurée de sa chanson.





Ici, lors d'un live 2005, dans une version très dépouillée, seul au piano... on entre dans la magie, no ??? Il nous donne des pistes, nous invite à bien écouter, fait quelques commentaires, nous parle des grandes chanteuses de fado qu'il compare à Janis Joplin (Argentina Santos, Amalia Rodriguez), se met à chanter 4/3/1943 comme elles



Une autre version italienne, par le groupe pop italien des 60-70's "Equipe 84"



Les covers. En français, "4/3/1943" devient "Jésus bambino", interprétée par Dalida, texte de Pierre Delanoë (assez proche de l'original).



"Il paraît que c’était un bel homme qui venait du large
Sachant comme personne parler d’amour aux femmes
Il offrit à Marie une bague de pacotille
Prit sa jeunesse et repartit sur les vagues

Sans comprendre elle resta dans la chambre d’avril à décembre
Avec sa robe courte de jour en jour plus courte
La fille ne savait pas grand-chose des gens et des usages
Elle n’avait connu qu’un homme, l’homme des lointains rivages

Elle n’avait que seize ans quand l’enfant vint au monde
De taverne en taverne elle chantait à la ronde
Des refrains de bastringues en croyant que c’était des berceuses
Elle jouait à la Madone, elle n’était pas malheureuse

Elle passait comme une ombre dans les faubourgs de Rome
Se prenant pour la Vierge, que le Ciel lui pardonne
De sa vie brève, il n’est rien resté que l’enfant de la chance
Et que ce nom qu’il porte comme une croix immense

Comme un fardeau aussi lourd que le monde posé sur son dos
Ce drôle de nom de baptême Jésus Bambino

Comme un fardeau aussi lourd que le monde posé sur son dos
Ce drôle de nom de baptême Jésus Bambino"

Ecoutons maintenant ce que devient ce matériau de choix, retraité par l'irrésistible Chico Buarque. Comme le son du premier clip est très mauvais, nous ajoutons une version studio, audible celle-là... Chico Buarque la reprit dès 1971. Elle devient "Minha historia" (Mon histoire), il l'aurait entendue chanter par Lucio Dalla, il l'a mémorisée, et voilà !






Ele vinha sem muita conversa
Sem muito explicar
Eu só sei que falava e cheirava
E gostava de mar

Sei que tinha tatuagem no braço
E dourado no dente
E minha mãe se entregou
A esse homem, perdidamente

Ele assim como veio partiu
não se sabe pra onde
E deixou minha mãe com o olhar
Cada dia mais longe

Esperando, parada, pregada
Na pedra do porto
O seu homem, com o velho vestido
Cada dia mais curto

Quando, enfim, eu nasci
Minha mãe embrulhou-me num manto
Meu vestiu como se eu fosse assim
uma espécie de santo

Mas por não se lembrar de acalantos
a pobre mulher
Me ninava cantando cantigas
de cabaré

Minha mãe não tardou a alertar
toda vizinhança
A mostrar que ali estava bem mais
que uma simples criança

E não sei bem se por ironia
ou se por amor
Resolveu meu chamar com o nome
de nosso senhor

Minha história, esse nome
Ainda hoje carrego comigo
Quando vou para um bar
Viro a mesa, berro, bebo, brigo

Os ladrões, as amantes
Meus colegas de copo e de cruz
Me conhecem só pelo meu nome
de Menino Jesus

Et mainenant une version en espagnol, chantée par un grand cantador uruguayen, Alfredo Zitarrosa (ah la la il y aurait beaucoup à dire sur celui-ci aussi !).




Él llegó sin hablar mucha cosa, no hablaba de más,
eso sí, le gustaba y olía y hablaba del mar,
un tatuaje azul en cada brazo y un oro en un diente,
fueron causa de que ella lo amara perdidamente.

Poco tiempo después él partió, nadie supo hacia dónde,
y en los ojos mi madre empezó a juntar mar y horizonte,
lo esperaba parada, clavada, en la piedra del puerto,
cruel olvido y el viejo vestido cada día más corto.

Cuando al fin yo nací, tiernamente me envolvió en un manto,
me vistió y me adornó cual si fuera una especie de santo.
Y por no conocer otra cosa, la pobre mujer,
me arrullaba cantando canciones de cabaret.

No tardó en difundir por el barrio que, en aquella cuna,
se dormía y crecía algo más que una simple criatura.
Nunca supe si por ironía o si por amor,
decidió que mi nombre sería el de Nuestro Señor.

Esta historia y mi nombre temido me están esperando,
cuando voy de tugurio en tugurio peleando y cantando,
todo el bajo, todos mis amigos de copa y de cruz
me conocen muy bien y me llaman el Niño Jesús.

Il semble bien qu'elles racontent toutes la même histoire ! Respect !

Avec ce petit bijou de 1971, nous n'avons que picoré une miette de l'oeuvre de Lucio Dalla, il y a encore énormément à découvrir, à dire, à voir, à écouter et à réécouter...

Bon, finissons avec un petit medley de 1980, qui en dit long sur ce que peut le Lucio D !!! Et où l'on constate que quelquefois l'image apporte beaucoup !!! Le premier morceau interprété par Lucio est justement 4/3/1943... à 1 min 22... mais regardez ce qui précède, par pitié !



OUUUUPPFFF !!! Celui-ci est drôlement bien aussi !!! (Medley 1978)



Bon, je ne ferai pas ça tous les jours... Enfin, il y encore de la matière, alors à bientôt !!!!

lundi 12 décembre 2011

Who's got rhythm ?

"Gerry Mulligan meets Ben Webster", 1959 - 

Jazz wax records 4531


Depuis 3 jours je n'écoute que ça ! Première écoute : je me repasse le premier morceau "Chelsea bridge" 3 fois, et je finis par consentir à écouter le reste... Et depuis : monomanie... Mais j'ai quand même écouté les autres titres !

Je n'avais jamais écouté cet album qui regroupe deux des saxophonistes que j'affectionne le plus.

C'était lors d'un passage à la boutique Harmonia Mundi, pour achat de CD pour la bibliothèque. Ma collègue et moi avisâmes les vinyles, et hop direct, elle fait "HOOOO" car elle tombe sur un super canon Cannonball Adderley, et moi je tressaille en regardant le disque juste derrière, mon Gerry et mon Ben Webster...

Je lis au dos du disque une critique de "Downbeat" : "ce n'était pas le premier enregistrement d'une collaboration" entre ces deux là, mais "c'était clairement la meilleure".




Paresse... Puisque d'autres blogueurs ont déjà fait le boulot, je cite : dans le blog cotebloge.ca, tout est dit :

"1 géant du saxophone tenor + 1 géant du saxophone baryton = 2 bonnes raisons d’écouter cette belle rencontre immortalisée en 1959.

La rencontre de deux géants. D’un côté, le maître du saxophone baryton Gerry Mulligan et de l’autre, le maître de la ballade au saxophone; Ben Webster.

Ce beau moment fut enregistré en 1959 à Hollywood, Los Angeles par Norman Granz. L’étiquette de disque Poll winners se spécialise dans la réédition d’albums jazz qui sont considéré comme étant les albums les mieux cotés selon les critiques du magazine jazz Down Beat. Ben Webster était son idole. Gerry Mulligan était fier de finalement enregistrer une session avec un de ses héros de jeunesse!

« Chelsea bridge » est une superbe ballade langoureuse au saxophone dont l’improvisation de Mulligan dans le deuxième refrain sera considérée comme un des meilleurs dans l’histoire du jazz. « The Cat walk » est composé par Gerry et influencé de la période des années 30 qui donnera une belle ambiance swing.

Le magazine Down beat = Cinq étoiles

Le site internet de référence Allmusic = Cinq étoiles"


Alors c'est ça, depuis samedi, première écoute, je ré-ré-ré-écoute et ne cesse de me dire que "plus beau, c'est pas possible", et ma platine et son diamant en restituant tout ça semblent se régaler aussi !

Bon, je viens de remettre "Chelsea Bridge" pour finir ce billet... Première note, Ben Webster démarre, le souffle, comme il est amené en douceur, c'est tenu, c'est un voyage, c'est du baume chantant pour oreille addict au sublime... et les vagues que fait Gerry Mulligan... On dirait même pas un saxophone !!! Vite il nous le faut (BDF 29) il vous le faut. Attention, refrain du baryton Mulligan, V.E.L.O.U.R.S. !!! C'est reparti pour 33 tours minute plus plus plus...

Ce que l'on peut faire avec son souffle !!! Enjoy !



WHO'S GOT RHYTHM



GO HOME


Gerry Mulligan Ben Webster-Go Home-1962 par redhotjazz

dimanche 4 décembre 2011

La toune du jour : man, man, man... is for the woman made

Ayant passé une bonne heure à écouter et regarder le contre-ténor Andreas Scholl sur youtube, je me suis régalée entre autres d'un extrait de concert diffusé par Arte.(récital Festival de Beaune 2011). C'est, je l'imagine, la fin du concert. Il propose ce "petit air" = "Man is for the woman made (and the woman made for man)", musique de scène composée par Henry Purcell pour la pièce "The mock marriage", de Thomas Scott.

Ce n'est évidemment la pièce la plus élaborée proposée lors du récital, mais voilà : il fait chanter le public (ce que j'aurais aimé en être !) et pour l'occasion il se fait baryton !!! Il qualifie ce titre de chanson à boire et l'on comprend bien vite qu'elle est faite pour être reprise en choeur. Je regrette juste que cela ne soit pas plus long.



EN VERSION ORIGINALE

    Man man man is for the woman made
    And the woman for the man.


As the spur is to the jade,
As the scabbard for the blade,
As for digging is the spade,
As for liquor is the can,


    So man is for the woman made,
    And woman for the man.


As the widow, be she maid,
As the wanton, be she staid,
Be she well or ill arrayed,
Queen, slut or harridan, So man . . .


As the sceptre to be sway'd,
As for night's the serenade,
As for pudding is the pan,
As to cool us is the fan, So man . . .


EN VERSION FRANCAISE

L'homme est fait pour la femme
Et la femme pour l'homme


Comme l'éperon est à la haridelle
Comme le fourreau est à la lame
Comme la bêche est faite pour piocher
Comme le spiritueux est pour la cruche


L'homme est fait pour la femme
Et la femme pour l'homme


Ainsi la veuve, fût-elle pucelle
Ainsi la traînée, fût-elle distinguée
Qu'elle soit bien ou mal vêtue
Reine, catin ou mégère


L'homme est fait pour la femme
Et la femme pour l'homme


Comme le sceptre est fait pour être levé
Comme est la sérénade à la nuit
Comme est la casserole au pudding
Comme est fait l'éventail pour nous rafraîchir




L'homme est fait pour la femme
Et la femme pour l'homme

Le même morceau, dans la jolie version chantée par Judith Nelson, Christopher Hogwood dirige...



Calquée sur ce schéma qu'il est très tentant de reproduire (comme le... pour..., etc), on trouve cet amusant morceau des Ames Brothers, titre identique mais paroles revisitées, et nettement plus bavard... Trentième au BILLBOARD 1954, apprend-t-on dans Youtube...


Man, man is for the woman made,
And the woman is made for man.
Man, man is for the woman made,


Ever since the world began.
Man, man is for the woman made,
I'll tell you truthfully,
I'm the man, man who was made for you,
And you're the woman who was made for me.


As the chimney is for the smoke.
As the laughin' is for the joke.
As the shelter is for the storm.
As the fire is for the warm.
As the fiddle is for the bow.
As the tappin' is for the toe.
As the bucket and the well,
And the dinner and the bell.
As the candle is for the glow.


As the donkey is for the ride.
As the blushin' is for the bride.
As the finger is for the ring.
As the choir is for the sing.
As the chicken is for the pot.
As tomales are for the hot.
As Jamaica and the rum,
And the dancin' and the drum.
As the pillow is for the cot.


EN V.F.

REFRAIN


Depuis que le monde est monde
L'homme est fait pour la femme,
Je vous le dis franchement,
Je suis l'homme qui est fait pour vous,
Et vous êtes la femme qui êtes faite pour moi.




COUPLETS




Comme la cheminée à la fumée
Comme le rire à la plaisanterie
Comme l'abri à la tempête
Comme le feu à la chaleur.
Comme le violon à l'archet
Comme le pied pour tapoter
Comme le seau pour le puits
Comme le repas et la cloche
Comme la chandelle pour la lueur




Comme l'âne pour la promenade
Comme rougir va à la mariée
Et le doigt pour l'anneau
Et le choeur est pour le chant
Et le poulet pour le pot
Comme Tomales pour la chaleur
Comme la Jamaïque pour le rhum
Comme la danse et le tambour
Comme l'oreiller pour le lit


Et puis cela me rappelle une chanson figurant sur un double 33t écouté dans les années 70, qui devait être intitulé "Les vedettes du cinéma chantent..." ou je ne sais plus quoi. "La femme est faite pour l'homme", par Arletty ! en voici une version, tronquée...






Quand au paradis
Sous un pommier couvert de fruits
Adam vit la femme,
il fut bien surpris
Il fit, stupéfait
«Ce p'tit joujou, pourquoi qu'c'est fait ?»
Et l'vilain serpent, mesdames
Lui dit l'œil en flamme :


La femme est faite pour l'homme
Comme le pommier pour la pomme
Comme l'oiseau est fait pour le roseau
Et le nid pour l'oiseau
Oui, pour l'homme la femme est faite
Comme l'eau pour la fleurette
Comme la perdrix pour le petit perdreau
Et la laine pour l'agneau


L'père Adam qui n'était pas en bois
Comprit cette loi
Car c'est vrai, c'qu'un jour au paradis
Le serpent a dit
La femme est faite pour l'homme
Comme le pommier pour la pomme
Comme le soleil est fait pour les beaux jours
Et le cœur pour l'amour


Sans femme vraiment
L'homm' s'ennuierait terriblement
Pour lui quel martyr
Quel affreux tourment
Mais sans hommes aussi
Avouez-le mesdames ici
Vous n'auriez pas le sourire
Car il faut bien le dire


La femme est faite pour l'homme
Comme le pommier pour la pomme
Comme le pépin est fait pour le raisin
Et le gant pour la main
Oui, pour l'homme la femme est faite
Comme le rond pour la serviette
Comme le disque est fait pour le phono
Et le doigt pour l'anneau


Comme la cage est faite pour l'écureuil
Le lorgnon pour l'œil
Comme la mer est faite pour le bateau
Le pneu pour l'auto
La femme est faite pour l'homme
Comme le pommier pour la pomme
Comme la baguette est faite pour le tambour
Et le cœur pour l'amour


Cette loi pourtant
Les amants l'oublient par instant
Certains se séparent
En se disputant
Mais après vraiment
L'amour leur manque énormément
D'eux bientôt l'ennui s'empare
Car chose bizarre


La femme est faite pour l'homme
Comme le pommier pour la pomme
Le point pour l'i
Le trou pour la souris
Et la poule pour le riz
Oui, pour l'homme la femme est faite
Comme l'étui pour la lorgnette
Comme la bouteille est faite pour le bouchon
Et la cloche pour l'melon


Comme le cadre est fait pour la photo
Le puits pour le seau
Comme l'œuf est fait pour la mouillette
L'chapeau pour la tête
La femme est faite pour l'homme
Comme le pommier pour la pomme
Comme les fanfares sont faites pour les concours
Et le cœur pour l'amour


La femme est faite pour l'homme
Comme le pommier pour la pomme
Cette vérité
Tout l'monde l'a constatée
Depuis l'antiquité
La femme à l'homme s'accroche
Tout comme l'huître à la roche
Par conséquent
Celle qui n'a pas d'amant
Est comm' un' bouche sans dents


Comme en manquer serait un malheur
Moi j'en ai plusieurs
Je leur donne fidélité, amour
Chacun à son tour
La femme est faite pour l'homme
Comme le pommier pour la pomme
Comme le soleil est fait pour les beaux jours
Et le cœur pour l'amour


Cette version remporte incontestablement la palme de la drôlerie, non ? Bon, probablement pas trop politiquement correct, mon affaire.. Alors pour compenser, invitons une femme qui n'a pas froid aux yeux, et qui met à mal les clichés énumérés dans les bluettes ci-dessus. Une de mes chansons préférées de Madame FRÉHEL : "La môme Catch Catch".






On a fait toute une affaire
Des lutteurs, des catcheurs, des boxeurs, des tombeurs,
Pour moi ça c'est de la petite bière
Tous ces mecs à biceps ne m'ont jamais fait peur
Leur soi-disant combat, c'est du chiqué
Ils passent leurs temps à s'caresser
Si y en a un dans la salle aujourd'hui
Qu'il vienne ici, il s'ra servi !


C'est moi la môme catch-catch
Voyez mes gros biscottos
Costauds
Avec ça j'ai l'air vache
Et une paire de pectoraux
Taureau !


J'ai une poigne de fer,
Un coeur en acier,
La gueule en or
Et les deux pieds nickelés
J'fais les pieds au mur,
Le grand écart
Et je crache à quinze pas
Find more similar lyrics on http://mp3lyrics.com/KtguJe bois du gros qui tache
C'est moi la môme catch-catch !


Un jour dans une bagarre
Avec deux affranchis dans l'quartier de l'Arsenal
J'ai cogné sans crier gare
Le premier en est mort, l'autre est à l'hôpital
Les flics sont arrivés, naturellement
Bien après l'coup, c'est plus prudent,
"Ton nom ?" me dit le commissaire au car
J'lui dis "y a que toi pour pas le savoir"


J'ai une poigne de fer,
Un coeur en acier,
La gueule en or
Et les deux pieds tatoués
J'fais les pieds au mur,
Le grand écart
Et je crache à quinze pas
Je bois du gros qui tache
C'est moi la môme catch-catch !


Allez, on ne va pas se quitter comme ça. Ecoutez la, notre grande Fréhel, se réjouir du décès de son régulier !!! "Ohé les copains, v'nez vous rincer la gueule...". Et attention, ensuite... la version de la grande Régine Crespin, grande cantatrice à qui la goualante et la gouaillerie vont comme un gant !!!





Ohé ! Les copains !
Venez-vous rincer la gueule,
Ce soir, je suis toute seule,
Il est mort ce matin !




Ça fait rudement longtemps
Qu’on était tous les deux,
Moi, j’avais dix-huit ans
Et lui dans les vingt-deux
Il m’a tout fait quitter,
Mon père et puis ma mère
C’était pour me faire gouter
A toutes les misères


Ohé ! Les copains !
Venez-vous rincer la gueule
Ce soir je suis toute seule,
Il est mort ce matin !
C’était un beau salaud
Qu’en foutait pas une rame
Pour un verre de Pernod
Aurait vendu son âme
Quand il était bien saoul
Il tapait comme une brute
Il connaissait de ces coups
On aurait dit de la lutte


Ohé ! Les copains !
Venez-vous rincer la gueule
Ce soir je suis toute seule,
Il est mort ce matin !


Des fois il me trompait
Ces choses là, ça m’écœure
Et quand il revenait
Il ronflait 24heures
Pourtant y’avait des jours
Ça c’était une merveille
Il me parlait d’amour
Quand je rapportais ma paye


Ohé ! Les copains !
Venez-vous rincer la gueule
Ce soir je suis toute seule,
Il est mort ce matin !


Mais je ne sais pas ce qu’il y’a
C’est pourtant pas normal
Rien que de parler de tout ça
J’ai le cœur qui me fait mal
Ça c’est vraiment marrant
Y’a quelque chose qui cloche…
C’est quand j’ai eu 20 ans
Qu’il m’a donné cette broche.


Ohé ! Les copains !
Venez-vous rincer la gueule
Ce soir je suis toute seule,
Il est mort ce matin !
Allez les copains !
Ce soir je suis toute seule…
Je reverrai plus sa gueule
Il est mort ce matin !





mercredi 16 novembre 2011

Chantevalses de salon

Johannes Brahms : "Liebeslieder Walzer op. 52 & 65"
(Harmonia Mundi, 2007)


Interprètes : Marlis Petersen, soprano ; Stella Doufexis, alto ; Werner Güra, ténor ; Konrad Jarnot, baryton-basse ; Christoph Berner & Camillo RAdicke, piano


Ces "valses mélodies" de Brahms n'engendrent pas la mélancolie... en tout cas pas chez moi. CE SONT DES VALSES. Il n'y est pas question de douloureux voyage d'hiver ou du désespoir du pauvre meunier dédaigné par la belle meunière. Quelques textes évoquent bien l'amour comme "un sombre ravin (Ein dunkeler Schlacht ist Liebe)", "un puits aux mille dangers (ein gar zu gefährlicher Bronnen)", on y dit bien "Abandonne, ô mon coeur, tout espoir de salut (Verzicht, o Herz, auf Rettung)", le ton est pourtant enlevé, enthousiaste. S'ajoutent à ces valses chantées deux autres cycles de Lieder, parmi lesquels se glisse un hymne d'amour à... la patrie ("An die Heimat").

Comment dire, j'ai eu l'impression en réécoutant ce CD de me trouver en compagnie de randonneurs raffinés, lettrés et mélomanes, de bons compagnons qui dînant dans une "Berg Hütte" autrichienne, se prennent à chanter, aidés par quelques bocks bien mérités (situation quasi-vécue : au Tyrol, troupe de randonneurs autrichiens arrivant le soir à la "Hütte" en chantant, éclusant un nombre impressionnant de bocks lors du repas, derniers couchés, premiers levés, départ au petit matin en chantant !). Ces voix s'envolent et se tiennent bien ensemble comme les flammes d'une belle flambée ! Quel allant ! Il est plaisant d'entendre Werner Güra (photo à droite), ténor que j'admire comme une sorte de "SEHNSUCHT MENSCH" (comme une incarnation idéale du mélancolique, spleenétique, nostalgique... intraduisible !), mon champion actuel ès-Lied, s'adonner à ce répertoire très enjoué ! Comme ils semblent avoir plaisir à chanter tous ensemble !

Disponible à la Bibliothèque du Finistère.

Une autre version ultra recommandable avec Dietrich Fischer-Dieskau, Brigitte Fassbaender, et le grand Karl Engel au piano :

Neue Liebeslieder Waltzer, Op.65 - Verses from "Polydora", tramslated by G.F. Daumer - 3. "An jeder Hand die Finger" by Edith Mathis [Soprano] & Karl Engel [Piano] & Wolfgang Sawallisch [Piano] on Grooveshark

Et encore une autre version historique, avec la grande Kathleen Ferrier




Texte au dos du CD. Une appréciation à laquelle je souscris...

"Chansons damour, valses pour quatre voix et piano à quatre mains ; ces lieder colorés, inspirés de la tradition des campagnes viennoises, connurent bientôt dans les salons un succès digne de chansons populaires ! De la gaîté des amourettes au désespoir des coeurs blessés, il faut dire que leur sujet sy prêtait à merveille. Un grand classique de la littérature romantique servi par un quatuor vocal simplement idéal !"

lundi 14 novembre 2011

Fantômes lyriques et centenaires

"Les urnes de l'opéra" : 1907-1912

Enterrées vivantes pendant un siècle, les voix lyriques du début du vingtième siècle nous sont révélées dans ce coffret aux 3 cd paru en 2009.

Voici un peu plus de deux ans que je projette de dire quelques mots au sujet de cette urne aux trésors. Passant dans les rayonnages de la bibliothèque, j'avise ce coffret et j'ai envie de le ré-écouter. Je vérifie le nombre de prêts : 0. Alors quelques mots pour en parler un peu...

Le 24 décembre 1907, dans les sous-sols du Palais Garnier, furent scellées plusieurs urnes contenant cylindres et disques, pour le compte de la Compagnie française du Gramophone. "Etrange cortège [qui] accompagnait, dans les sous-sols du Palais Garnier jusqu’à un caveau fermé par une porte en fer, deux urnes de métal qu’on avait au préalable hermétiquement scellées"...

Extrait de l'article de François Laurent dans Diapason n° 568 d'avril 2008 : "Le tout se feuillette comme un album de vieilles photographies, et invite à la (re)découverte des gloires lyriques d'antan dans leur diversité. Entendre les uns à la suite des autres, tous enregistrés à la même époque, permet de mieux saisir la singularité de chacun, du gazouillis musclé (Tetrazzini, Kurz) jusqu'à la mâle grandiloquence (Campagnola, Plançon). L'éditeur n'a pas ergoté sur la qualité de la notice, très documentée, signée Elisabeth Giuliani [Conservateur à la B.N.F.], et a "légendé" chaque plage en livrant pour chaque artiste des notes biographiques bienvenues. Le disque d'opéra a trouvé un musée idéal !"


Ecoutez avec le lecteur ci-dessous le discours prononcé à cette occasion par M. Alfred Clark, président de la C.M.G. "Avant de l'introduire pour cent ans au moins dans l'urne fatale qui sera fermée sous vos yeux..."





Au programme, beaucoup de compositeurs français fin XIXe-début XXe (Jules Massenet, Charles Gounod, César Franck, Camille Saint-Saëns, Georges Bizet, Edouard Lalo, Reynaldo Hahn, Emmanuel Chabrier), un peu de bel canto (Donizetti, Rossini, Verdi, Puccini).

On oublie bien vite les souffle et craquements, pour se concentrer sur la musicalité de ces pépites vocales et instrumentales ! 100 ans ? Ces chaudes et vivantes voix ne font vraiment pas leur âge. Délicatesse et la luminosité (!) de l'orchestre et des instruments, au service des voix. Délicatesse encore, et chaleur de ces voix distantes et proches ! La rareté de la musique enregistrée de cette époque rend l'écoute encore plus émouvante ! J'ai un petit faible pour les passages "verdiens", jamais rien entendu de pareil !!! Ils y vont à fond, c'est théâtral en diable !!!

Vous aussi, sautez le pas... Qu'est-ce que c'est, 100 ans ???


Pour tout savoir sur ces voix ensevelies, consultez le blog de la BNF.


Exclusif : VIDEO... Assistez à l'ouverture des urnes !




Disponibilité à la Bibliothèque du Finistère

Berthe Auguez de Montalant ("Faust", Hector Berlioz)



Marie Galvany ("L'incantatrice", Luigi Arditi)



Paul Franz ("Lohengrin" en français !, Richard Wagner)



Maurice Renaud ("Hamlet", Ambroise Thomas)



Léon Beyle ("Si j'étais roi", Adolphe Adam)


lundi 10 octobre 2011

Comment optimiser l'espace musique d'une médiathèque... à moindre coût

Comment optimiser l'espace musique d'une médiathèque... à moindre coût

Ceci est une proposition de traduction du catalan d'un article paru dans le blog des bibliothècaires musicaux de la région de Barcelone en juillet 2011 :


Comme optimiser la section de musique de la bibliothèque... à moindre coût…


Bibliothèque Vapor Badia, Sabadell (Catalogne) Espagne.






Travail réalisé à la Biblioteca Vapor Badia
 entre   2007 et 2008


Situation initiale


La Bibliothèque Vapor Badia de Sabadell est la bibliothèque centrale d’un réseau municipal qui dessert une ville de 200.000 habitants, située dans l’aire d’influence de Barcelone.
Tout comme d'autres bibliothèques municipales centrales ou de district, elle possède un fonds musical de qualité, vaste, éclectique où figurent aussi des documents rares, originaux. Cependant, trois ans après l’inauguration (nov. 2002), ce fonds de musique demeurait  peu signalisé, mal disposé, mal présenté …. et circulait de manière très inégale.

Le fonds le plus consulté et le plus prêté était le Pop-rock (CD 2), suivi par les B.O. de films (CD 520) et quelques sous-catégories des musiques du monde (CD 0), spécialement, la musique populaire  catalane (CD 091) et le flamenco (CD 094). Le reste du fonds  sortait peu, voire très peu, comme par exemple la musique classique (CD 3), les partitions et les DVD musicaux.

Pour le personnel de salle, trouver et ranger les documents n’était pas non plus chose facile.


Première phase : recherche de solutions

Nous avions peu de temps et peu de personnel pour mettre en marche de grands projets, et bien sûr, peu d'argent… Nous sommes tout de même parvenus à acheter deux bacs à CD supplémentaires et à obtenir un tout petit budget de papèterie.
Nous avons, donc, dans un premier temps, décidé de réordonner toute la section de musique avec l'objectif de rendre le fonds  plus visible, de faire apparaître clairement sa classification et d’améliorer sa présentation, afin de faciliter autant la recherche de l’usager que le travail du personnel.

Deuxième phase : désherbage

Avec l'objectif d'offrir une collection de qualité et de récupérer de l'espace pour pouvoir réordonner et aérer le fonds, nous commençons par un bon désherbage. Nous retirons tout les CD en double, les CD promotionnels offerts par des publications diverses qui ne présentent pas un niveau suffisant de qualité, les CD en très mauvais état et les CD de basse qualité éditoriale ou musicale (ex : un concert classique interprété par une formation mineure, enregistré il y a de nombreuses années, ou encore des disques "type hypermarché", souvent issus de dons, au titre prometteur comme "Nuits de samba", "Vive l'amour", "Tout l’opéra dans un CD", etc). Dans le cas de la musique classique, nous faisons une révision systématique des collections anthologiques  (ex : Encyclopédie Catalane) et nous éliminons de ces volumineuses collections tous les CD pour lesquels nous disposons d’une version meilleure, éditée par un label spécialisé.
Ce travail, qui nous oblige à manipuler la totalité du matériel, outre l'espace récupéré, nous  permet de "photographier" notre fonds et d'identifier des manques et/ou des déséquilibres, et  nous facilitera plus tard sa réorganisation.

Troisième phase : repositionnement
 
Nous changeons l’emplacement des bacs de CD, en faisant en sorte que l'organisation de l'espace et du mobilier soit cohérente et facilite une utilisation intuitive de la salle : nous essayons de constituer des « îlots » qui correspondent aux principales catégories musicales. Nous décidons de placer la musique classique dans un angle de la salle, à part, et de lui associer la musique contemporaine, ainsi que la zarzuela et les partitions. Nous demandons aussi à un menuisier qu’il nous rabaisse tous les tiroirs des bacs à  CD d'environ 10 cm, de sorte qu'on puisse y ranger un DVD (c'est un travail facile et rapide, que n'importe quelle bricoleur peut réaliser). L'objectif est d'y installer les DVDM : à chaque catégorie musicale, son espace de DVDM.
Cas spécial des partitions musicales : convaincus que la musique imprimée ne doit pas être présentée verticalement en étagère comme les livres, puisque elle devient invisible, nous décidons de recycler une paire de bacs pour CD ou Bande Dessinée. Nous y plaçons les partitions comme si c’ étaient des albums, avec les couvertures disposées frontalement à l'utilisateur, et séparées par de grands intercalaires alphabétiques réalisés par nos soins avec du carton rigide, pour les maintenir à la verticale. Les partitions de compositeurs sont classées alphabétiquement, et les autres sont groupées suivant la même classification que les CD avec les séparateurs correspondants. Comme nombre d’entre elles contiennent plusieurs feuillets , nous achetons des protège-document transparents de format  Folio (format supérieur à Din A4) et ouvertes sur deux côtés pour résoudre la diversité de formats. Ainsi ce petit fonds - presque toujours maltraité - devient plus maniable et surtout plus visible. Nous le situons à proximité de la zone CD 3.

Quatrième phase : classification et composition d'un texte

En suivant point par point la Classification d'enregistrements musicaux qu’utilise toute la profession, mais en l’abrégeant et en  simplifiant sa terminologie pour l'usage non spécialisé d'une bibliothèque publique municipale  chaque fois que  c’est nécessaire, nous décidons d'étendre le nombre d'entrées utilisées dans la salle pour ordonner le fonds :


CD 0 : Pour les musiques ethniques et populaires, nous utilisons les entrées géographiques décimales : de 000 à 009, de 010 à 019, de 020 à 029, de 030 à 039.... jusqu'au 099. Ceci nous permet d'ordonner les CD de manière intelligible pour tous, par pays ou zones culturelles.
 




 





CD 1 : Pour les musiques de jazz et dérivées, nous utilisons la classification alphabétique mais nous y intercalons des séparateurs au nom des principaux artistes, imitant le modèle des grands magasins de disques. Nous indiquons aussi clairement les sous-catégories :
CD 110 : Blues, CD 115 : Gospel, CD 180 : Soul.



 

CD 2 : Pour le pop-rock qui est une catégorie fourre-tout très étendue, nous n'avons pas encore trouvé à ce jour la manière de diviser les différentes catégories sans entraver le travail quotidien. Nous conservons donc la simple classification  alphabétique par la première lettre, conscients que nous devrons rapidement  améliorer  ce classement, mais sans savoir encore comment…
(A l’heure où nous traduisons cet article, nous savons qu’une bibliothèque de Barcelone spécialisée en musiques urbaines a pris l’initiative de séparer le CD2 en cinq sous catégories comme rock national, rock international, heavy, pop….etc. L’initiative nous semble excellente)

CD 5 : Pour les musiques fonctionnelles, nous introduisons un séparateur pour les catégories qui contiennent suffisamment de fonds (dans notre cas, par exemple : musiques de cirque, musiques de bal, bande-sons de cinéma, musiques de relaxation, etc).

CD 6 : Textes enregistrés. Nous n'avons pas encore assez de fonds pour justifier un classement par auteurs, mais  nous introduirons des séparateurs au fur et à mesure que le fonds grandira.

CD 3 : Le fond de musique classique est important comparé à d’autres bibliothèques du réseau et rend nécessaire un classement efficace. Par ailleurs c’est la musique qui sort le moins, et donc, il faut rendre cette section avant tout visible. Nous décidons donc d'utiliser la partie supérieure des bacs pour le classement par compositeur et la partie inférieure (tiroirs) pour les subdivisions du 3 . Nous octroyons un tiroir entier à Bach et Mozart dans lequel nous maintenons un classement strict puisque les œuvres de ces deux musiciens sont considérables et occupent beaucoup de place.
Nous avons donc de cette manière les compositeurs rangés par ordre alphabétique  et signalés par un séparateur indiquant leur nom (nous ne signalons que les plus connus mais cela nous ammène à  signaliser individuellement 80% du fonds à peu près). En dessous, dans les tiroirs, nous aurons les subdivisions, chacune marquée avec une formulation simple, et détaillée quand c’est nécessaire :
CD 300 recueils thématiques,
CD 301 -309 :  musique par époque,
CD 310-390 : musique par instruments (récitals)
CD 361 : musique pour violoncelle
Etc….








A proximité, nous plaçons le fonds de zarzuela et celui de musique contemporaine :


CD 512 : Zarzuela. Pour le moment le fonds est petit et  sans subdivision interne, mais quand le fonds augmentera , nous y introduirons évidemment des séparateurs ordonnés alfabétiquement par nom de compositeur.


CD 4 : Le fonds de musique contemporaine n'est pas très étendu, mais croît régulièrement. Nous décidons d'utiliser le même ordre que pour le 3 puisque conceptuellement, le numéro 4 est la prolongation du  numéro 3, mais contient les oeuvres composées après 1945. Nous aurons donc une première partie classée par compositeurs, ordonnés par ordre alphabétique, et une deuxième partie, située dans les tiroirs, classée par sous-catégories : ce sont principalement des musiques de fusion entre musique contemporaine, jazz, folk, électro, électro-accoustique, etc. Nous introduisons des séparateurs indiquant le type de fusion que représente chaque numéro.




                               

Cinquième et dernière phase : confection de tous les séparateurs

Comme alternative aux pièces de méthacrylate, qui est le matériel – coûteux -  utilisé actuellement par les bibliothèques de Catalogne, nous décidons d’utiliser des feuilles Din-A4 et Din-A3 de plastique semi-rigide, vendues dans les copisteries et les papèteries comme couvertures pour les photocopies reliées en spirale ou similaire. C'est un matériel très résistant, très maniable, et assez économique. Coupé avec un massicot, chaque feuille A4 donne quatre séparateurs d'une mesure idéale pour les CDS. Avec le format A3 on peut découper des séparateurs de mesures spéciales par exemples pour les partitions.
On colle l’étiquette, préparée par nos soins et harmonisée avec l’image de la bibliothèque, puis imprimée sur l’imprimante de la bibliothèque, sur le séparateur. Ensuite on recouvre le séparateur d’une feuille de plastique adhésif transparent….. Le séparateur est prêt à sortir en salle ! C’est un système tout simple, facile, économique et qui permet de multiples solutions.
Une  bibliothèque de notre réseau a trouvé sa propre solution : au lieu de coller comme nous l’ étiquette sur un séparateur opaque puis de recouvrir le tout de plastique adhésif…elle a fait le contraire : elle a acheté les feuilles de  plastiques pour séparateurs version transparente, elle a collé l’étiquette au dos du séparateur-  l’étiquette se lit donc par transparence - et elle a appliqué la feuille de plastique adhésif sur l’arrière du séparateur : le résultat est un séparateur très bien fini, extrêmement résistant et qui n’a rien à envier à un séparateur acheté à un fournisseur spécialisé, mais …. pour un coût infime !

Conclusion et évaluation

Ce travail de réorganisation et de signalisation, parfaitement réalisable par une très petite équipe si on travaille numéro par numéro, et en mettant à profit les jours de plus faible affluence, nous a permis, pour un coût très réduit, d'apporter des améliorations notables :

Amélioration du taux de prêt des catégories qui ne sortaient pas beaucoup ou pas du tout, spécialement : la musique classique, la musique contemporaine, le jazz, les musiques populaires de zônes géographiques et/ou de cultures peu connues, ainsi que les DVDM, et  les partitions.

(Pour des résultats chiffrés, attendre la traduction, en cours, d’un article plus récent : http://musictecaris.blogspot.com/2011/09/com-dinamitzar-una-seccio-de-musica-amb.html).

Amélioration de l'image de la bibliothèque en général : meilleure signalisation, plus d'ordre, plus d'efficience.

Rangement du fond plus aisé, plus rapide. Recherche  documentaire ou thématique facilitée.

Amélioration du service à l’usager : plus d’autonomie. Et par conséquent allègement des tâches du personnel de salle.

Contrôle visuel permanent sur l'équilibre et la répartition du fonds musical : en un coup d’œil on voit parfaitement les catégories sur ou sous représentées.


Encouragés par cette expérience positive, nous avons appliqué le même principe de signalisation mobile, détaillée et "artisanale", d’abord au fonds des guides de voyages, en mettant en évidence toutes les zones géographiques sur des séparateurs latéraux, puis  au fonds de littérature, assez considérable, en détachant un grand nombre d’auteurs et pas seulement les classiques ou les plus célèbres : le roman, la poésie, la prose et le théâtre, avec le même système de séaparateurs latéraux.

À chaque fois, nous avons pu vérifier que ce parti-pris d’augmenter la signalisation des collections avec des séparateurs mobiles, non seulement optimise l'ordre et le classement, mais a également  un effet dynamisant  immédiat sur le volume de prêts : le fonds sort plus.
Un dernier point particulièrement encourageant : c’est que des documents qui ne sortaient jamais, sortent maintenant et certains avec fréquence.



Sabadell – Septembre 2011




Marthe Himelfarb
Technique de bibliothèque
Bibliothèque centrale comarcale Vapor Badia
Sabadell – Espagne

Email : himelfarbhm@diba.cat