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mercredi 28 janvier 2009

TOUT DOÛS, NI BREYANS PUS ! ALANS PAHÛLES !

"Doucement ! ne crions plus ! Avançons calmement !"

Echo d'une indignation d'adolescent : le compositeur et violoniste virtuose Eugène Ysaÿe (1858-1931) aurait été durablement marqué par un fait divers liégeois, qui lui aurait inspiré l'argument de cet opéra : "Pière li houyeû" (Pierre le mineur), une histoire de mineur wallon, donc. "En 1877, une jeune femme aurait tenté de désarmorcer la bombe que son époux avait placée sous les fenêtres de son patron. Malheureusement, l'engin lui explosa dans les mains et elle perdit la vie. Bouleversé, EugèneYsaÿe, alors âgé de dix-neuf ans, aurait immédiatement décidé d'écrire un opéra inspiré par cet événement dramatique." On retrouve cet événement dans "Pière li houyeû". Il survient vers le dernier tiers de l'oeuvre, après que ce Pière, chef d'un groupe de mineurs en grèves, ait place une bombe dans la maison du directeur de la mine. Après le drame, Pière, meurtri par le sacrifice de sa femme, décide de finir sa vie dans un monastère. "Ysaÿe s'inspire de la vie contemporaine et met en avant l'importance du facteur économique dans les rapports sociaux en adaptant son langage et son style à la réalité sociale représentée." Christophe Pirenne

Il en a en réalité commencé la composition dans les années 1880. Mais longtemps violoniste virtuose. la carrière du virtuose dépasse celle du compositeur. Il ne s'y remet qu'en 1918, et lui donne sa forme définitive en 1922, alors qu'il vit aux Etats-Unis. La première n'aura lieu à l'Opéra de Liège qu'en 1931.

Le livret de l'opéra est écrit en wallon liégeois. C'est exceptionnel car ce dialecte est alors et reste plutôt réservé au registre plus léger de l'opérette. Ysaÿe témoigne ici pour les classes laborieuses d'une solidarité, moderne pour l'époque au point d'en faire le sujet d'un opéra.

Partition originale avec 3 sources d'inspiration : " la musique populaire de sa région natale, la musique de Wagner qu'il apprend à connaître et à jouer à la fin des années 1870 lorsqu'il est premier violon solo et qu'il maintiendra à son répertoire tout au long de sa carrière de chambriste, et la musique française des franckistes (César Franck) qui lui donne le goût de la forme."

Ferveur "vériste" des choeurs, mysticisme wagnérien très poignant, clarté et luminosité de l'orchestration. C'est assez pour être captivé. Un très très beau passage, mon préféré je crois : "Piére et le choeur dès houyeûs" avec son introduction mystérieuse et presque aquatique tout comme l'accompagnement des voix, à la suite, et la partie chantée, très pure et émouvante, par le ténor Alain Gabriel. Très beau et long monologue de Mèlîye (Ghislaine Girard, soprano : formidable !) "Evôye ! Il èst' èvôye" (Parti ! il est parti), tout en nuances, avec une belle intensité dramatique et de bons roulements de timbales comme j'aime !

La langue, difficilement identifiable si l'on ne le sait pas, apporte une sensation d'étrangeté (pour un "maudzi" français de France) et de familiarité, de par ses sonorités.

La version ici proposée a été enregistrée en public à l'Opéra royal de Wallonie de Liège, le 25 novembre 2006.

Découvrir Eugène Ysaÿe :

Deux enregistrements historiques (vintage !) du maître Ysaÿe au violon :

Mazurka de Wieniawski (1912)



Berceuse de Fauré (1915)



Sonate pour violon solo op. 27 n°3 d'Eugène Ysaÿe interprétée par David Oistrakh (1966)



Sur musicologie.org

Sur Musica et Memoria

Partitions libres sur l'International music score library project

A la Bibliothèque du Finistère :

Sonate n° 5 en sol majeur, Yossif Ivanov, violon
Sonate n° 1 en sol mineur op. 27, Baiba Skride, violon

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